Au Maroc, un « tsunami d’intoxications alimentaires » alarme les associations

24 novembre 2024 - 22h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Au Maroc, la multiplication des cas d’intoxication alimentaire suscite l’inquiétude des associations de défense des droits des consommateurs qui appellent les autorités compétentes à renforcer les contrôles dans les restaurants et établissements de restauration rapide.

Face à ce qu’elles considèrent comme un « tsunami d’intoxications alimentaires », ces associations tirent la sonnette d’alarme. Elles mettent en doute l’efficacité des mesures récemment annoncées par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, pour réduire les cas d’intoxication alimentaire, dont la création de 130 bureaux communaux de contrôle sanitaire pour un budget d’environ 1,040 milliard de dirhams. Ces bureaux devraient être accompagnés par 260 médecins, 130 vétérinaires, 260 infirmiers et 260 techniciens en santé publique.

À lire : Maroc : la hausse des cas d’intoxications alimentaires inquiète

« Ces bureaux ne sont pas équipés pour contrôler la sécurité des repas proposés dans les établissements alimentaires, car ils impliquent des intervenants dont la formation n’a aucun lien avec ce type de contrôle », font-ils observer. En lieu et place de ces bureaux, les ONG appellent plutôt à la création « d’une institution indépendante dédiée à cette tâche » et à « un renforcement des exigences des collectivités locales concernant l’obtention d’un diplôme pour travailler dans le secteur » de la restauration. « Le nombre de ces cas pourrait doubler à l’avenir, car les mesures prises par le gouvernement pour les limiter ne sont ni efficaces ni adaptées », affirme Bouazza Kharrati, président de l’Union marocaine des droits des consommateurs.

À lire : Intoxications en hausse au Maroc : quelles solutions ?

Dans une déclaration à Hespress, Kharrati a expliqué que « maintenir ce contrôle réparti entre différentes entités, notamment l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), le ministère de l’Intérieur, les collectivités locales, le ministère de l’Agriculture, ainsi que le ministère de la Santé et de la protection sociale, alors qu’il relève légalement des compétences de l’ONSSA, rend ces efforts inefficaces et nécessite une révision profonde ». Pour l’expert, les contrôles ne devraient pas se limiter seulement « aux points de vente de nourriture et de repas, car cela ne sert à rien. Les inspections doivent couvrir toute la chaîne, du champ à l’assiette », a-t-il soutenu, avant de s’interroger : « Se contenter de contrôles dans les établissements garantit-il la sécurité des viandes ou des produits alimentaires utilisés ? »

À lire : Intoxications alimentaires : le Maroc à l’épreuve de la restauration rapide

« Si une surveillance stricte et efficace était exercée sur les restaurants et les établissements de restauration rapide, et si des sanctions sévères étaient appliquées à ceux qui enfreignent les normes de sécurité sanitaire, il n’y aurait pas une telle augmentation continue des cas d’intoxication dans la plupart des villes marocaines », a estimé pour sa part Wadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), déplorant « le grand laxisme » que connait ce secteur au Maroc. « Aujourd’hui, n’importe qui peut se lancer dans la vente de plats rapides et légers, sans avoir la moindre connaissance des dispositions légales en vigueur ni des normes de qualité et de sécurité sanitaire à respecter, notamment en matière d’hygiène ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Santé - Consommation - Ministère de la Santé - Ministère de l’Intérieur (Maroc) - Office national de sécurité sanitaire et des produits alimentaires (ONSSA)

Aller plus loin

Maroc : la hausse des cas d’intoxications alimentaires inquiète

Au Maroc, la recrudescence des cas d’intoxication alimentaire dans les plusieurs villes inquiète les associations de défense des droits des consommateurs qui appellent à...

Intoxication massive à Casablanca : plus de 50 personnes hospitalisées

Un établissement de restauration rapide de Casablanca est soupçonné d’être à l’origine d’une vague d’intoxications alimentaires. De nombreuses personnes ont été admises à...

Maroc : une intoxication alimentaire envoie une vingtaine d’élèves à l’hôpital

Une enquête est en cours à Berrechid suite à l’hospitalisation de 19 élèves d’une école à Had Soualem. Ces derniers ont présenté des symptômes d’intoxication alimentaire samedi...

Intoxications alimentaires : le Maroc à l’épreuve de la restauration rapide

La députée Hanane Atarguine, du groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM), a demandé au ministre de l’Intérieur de prendre des mesures pour renforcer les...

Ces articles devraient vous intéresser :

Cimetières au Maroc : entre abandon et insécurité

La gestion des cimetières pose problème au Maroc. Selon un rapport du ministère de l’Intérieur, les sites existants sont saturés ou en état de dégradation et les collectivités territoriales peinent à les réhabiliter et à identifier des terrains viables...

Maroc : voici les villes où les prix ont baissé (et augmenté)

Les prix à la consommation ont affiché une légère baisse de 0,3%, selon les derniers chiffres dévoilés par le Haut Commissariat au Plan (HCP).

Des clients en colère contre Maroc Télécom

Maroc Telecom a revu ses offres à la hausse au grand dam de ses abonnés qui souffrent déjà de la cherté de la vie.

Maroc : bonne nouvelle pour ceux qui aiment les Hammams

Les Marocains pourront fréquenter les hammams, restés en partie fermés depuis plusieurs semaines suite à une note du ministère de l’Intérieur, pendant le ramadan. Dimanche, le ministère des Habous et des Affaires islamiques a annoncé que le mois sacré...

Maroc : vastes opérations de libération du domaine public

Le Maroc intensifie les opérations de libération du domaine public. De nouvelles campagnes ont été lancées dans certaines régions du royaume.

Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des...

Punaises de lit : la psychose atteint le Maroc

Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a confirmé, mercredi, l’absence d’une propagation exceptionnelle des punaises de lit au Maroc. Dans un communiqué, les autorités sanitaires affirment avoir mis en place des mesures préventives en...

Le Maroc ouvre ses portes aux médecins étrangers

Des médecins étrangers pourront bientôt exercer au Maroc. C’est ce que vient de confirmer le ministre de la Santé Khaled Ait Taleb.

Le Maroc en guerre contre la cochenille

Au Maroc, le ministère de l’Agriculture a mis en place des mesures pour limiter la propagation de la cochenille, un insecte ravageur des cultures de cactus.

Ramadan et réseaux sociaux : les photos d’iftar divisent

Pendant le mois sacré de Ramadan, de nombreux influenceurs marocains publient quotidiennement sur les réseaux sociaux des photos de tables garnies de mets et de boissons pour la rupture du jeûne (iftar). Un comportement perçu comme de la provocation...