L’arganier, symbole du Maroc, en voie de disparition ?

11 décembre 2023 - 16h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Au Maroc, le réchauffement climatique et l’exploitation forestière pourraient être responsables de la disparition de l’arganier, l’arbre dont l’un des rôles est de produire l’huile d’argan, une huile aux vertus légendaires.

Les 20 millions d’arbres plantés dans la région d’Essaouira et d’Agadir et répartis sur 830 000 hectares dédiés à l’arganier, l’un des plus anciens arbres sur Terre capable de vivre 100 à 200 ans dans un sol, sont menacés de disparition. « Chaque année, ce sont près de 3000 hectares d’arganiers qui disparaissent à cause des sécheresses à répétition », le podcast « Ici le monde » dans une publication sur RTBF. « Les dernières récoltes ont été moindres, et les fruits sont plus petits », explique au Courrier International, Fadwa el-Mennani, membre de la coopérative féminine Marjana établie près d’Essaouira, l’une des 686 coopératives du sud marocain exploitant les hectares dédiés à l’arganier. À l’origine de ce changement, la météo imprévisible, assure-t-elle, avant de déplorer : « On avait l’été et l’hiver le même jour, les arbres ne peuvent pas supporter de telles variations ». En 60 ans, les températures ont augmenté de plus de 2 degrés dans certaines régions où se trouve l’arganier, et les précipitations ont diminué de 20 %, précisent les chercheurs de l’institut agronomique d’Agadir. Autres causes de la perte des arganiers : l’Homme s’en sert pour se chauffer, pour cuisiner… De quoi provoquer la baisse de la productivité de l’huile d’argan.

À lire : Huile d’argan : le Maroc tente de protéger son trésor

La baisse de la productivité est un coup dur pour les familles en général et les femmes qui sont les premières ouvrières du secteur, en particulier. « L’objectif social reste important, nous cherchons des femmes qui ont vraiment besoin de ce travail (par exemple les divorcées, les veuves) pour les aider à améliorer leur situation et à réaliser nos objectifs socio-économiques. Mais, aujourd’hui, nous devons aussi trouver des solutions aux mauvaises récoltes », explique encore Fadwa el-Mennani. La rareté actuelle du fruit a entraîné l’augmentation du prix de l’huile d’argan ces trois dernières années. Une hausse qui impacte la croissance de l’activité. « Nous avons perdu nos principaux clients internationaux et nous avons cessé les exportations en raison de l’augmentation des cours », confie Hafida el-Hantati, qui supervise la production d’huile à la coopérative Addjigue.

À lire : Voici pourquoi le Maroc interdit l’exportation de l’huile argan

En 2020, le Maroc a produit plus de 5600 tonnes d’huile d’argan, la moitié a été exportée, selon des statistiques officielles fournies par le ministère de l’Agriculture. Le chiffre d’affaires de la filière a triplé entre 2012 et 2019, et représente environ 108 millions d’euros. Désormais 80 % des fruits sont destinés à l’étranger, est-il précisé.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Agriculture - Huile d’argan

Aller plus loin

Huile d’argan : le Maroc tente de protéger son trésor

Le Maroc a décidé de restreindre l’exportation de l’huile d’argan. Par cette mesure qui semble extrême, les autorités veulent protéger un terroir de plus en plus monopolisé par...

Au Maroc, l’huile d’argan devient un produit de luxe inaccessible

L’huile d’argan voit son prix flamber cette année au Maroc. Autrefois produit de consommation courante, il devient un luxe réservé aux plus fortunés, victime de son succès à...

Le Maroc parie sur l’arganier

Le Maroc se lance dans un vaste projet de reboisement en misant sur l’arganier. L’Agence pour le développement agricole (ADA) prévoit de planter 10 000 hectares d’arganiers dans...

Voici pourquoi le Maroc interdit l’exportation de l’huile argan

Le Maroc a décidé de limiter l’exportation de l’huile d’argan. Voici les explications du gouvernement.

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc en guerre contre la cochenille

Au Maroc, le ministère de l’Agriculture a mis en place des mesures pour limiter la propagation de la cochenille, un insecte ravageur des cultures de cactus.

Tomate marocaine : le nouveau cauchemar des producteurs français

Face à l’augmentation des importations de tomates marocaines, les producteurs français expriment leur inquiétude et pointent du doigt une concurrence déloyale.

Les objectifs ambitieux du Maroc pour la culture de dattes

Le Maroc a des objectifs ambitieux pour la culture des dattes. Il entend notamment atteindre une production annuelle de 300 mille tonnes d’ici 2030 et se donne les moyens pour sa concrétisation.

Pastèques : le Maroc perd du terrain sur le marché européen

Au premier semestre 2024, les exportations marocaines de pastèques vers l’Europe ont baissé de 50,31 % par à la même période de l’année dernière.

Le Maroc contraint de réorienter sa production agricole

Face à la sécheresse et au stress hydrique d’une part, et à l’inflation d’autre part, le gouvernement marocain est contraint de revoir sa politique agricole et alimentaire pour garantir l’eau et le pain.

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Tomate : le Maroc dépasse l’Espagne en Europe

Pour la première fois, le Maroc se hisse au rang de premier fournisseur de tomates sur le marché européen, devançant ainsi l’Espagne. Un pur hasard ? non, le Maroc prend peu à peu la place de premier fournisseur pour l’Europe.

Les Marocains vont-ils manquer de dattes pour le Ramadan ?

À quelques semaines du mois sacré de Ramadan, des doutes subsistent quant à la disponibilité des dattes en quantité suffisante et à des prix abordables.

Maroc : appels à interdire la culture de la pastèque

Au Maroc, les défenseurs de l’environnement appellent à l’interdiction totale de la culture de la pastèque, très gourmande en eau.

Les agriculteurs bretons dénoncent « l’invasion » de la tomate marocaine

Une action d’étiquetage a été lancée le vendredi 2 juin 2023 par les producteurs de tomates d’Ille-et-Vilaine et la FDSEA 35, pour dénoncer les tomates importées du Maroc.