Huile d’argan : le Maroc tente de protéger son trésor

13 avril 2022 - 12h20 - Maroc - Ecrit par : G.A

Le Maroc a décidé de restreindre l’exportation de l’huile d’argan. Par cette mesure qui semble extrême, les autorités veulent protéger un terroir de plus en plus monopolisé par les multinationales de la cosmétique.

Désormais, la quantité d’huile d’argan appelée à sortir du Maroc sera rigoureusement contrôlée par les services des douanes. Dès 1ᵉʳ juillet prochain, une licence est obligatoire pour l’exportation d’huile d’argan torréfiée ou non dans des récipients d’une capacité supérieure à 5 litres. Par cette décision, le gouvernement entend contrôler le volume des exportations d’huile d’argan lorsque le prix de ce produit est en hausse sur le marché mondial.

À lire : Le Maroc limite l’exportation de l’huile d’argan

« Le plus gros problème que connaît le secteur, c’est le monopole des multinationales. », a déclaré le Professeur Zoubida, présidente de l’association Ibn Al Baytar. Selon elle, les multinationales ont profité de la pandémie du Covid-19 pour s’imposer face aux coopératives. Dès lors, « la matière première est devenue inaccessible et les coopératives ne pouvaient plus en acheter. Cette stratégie des multinationales a fait grimper les prix passant de 500 dirhams à 600 dirhams. », explique la présidente de l’association Ibn Al Baytar.

À lire : Voici pourquoi le Maroc interdit l’exportation de l’huile argan

En 2019, le Maroc a réalisé une production de 4000 tonnes d’huile d’argan. 1800 tonnes de la production est commercialisée au niveau national. Et pour la valorisation de cette culture, la présidente estime que « beaucoup d’efforts ont été consentis pour l’organisation de la filière, la réhabilitation de l’arganeraie et la promotion de l’arganiculture, mais il faut du temps pour augmenter la production et atteindre les objectifs tracés par la tutelle ».

À lire : Huile d’argan : Israël, rude concurrent pour le Maroc

Actuellement, le secteur fait face à un problème lié au raffinage de l’huile qui se fait hors du pays. C’est la raison pour laquelle « la décision du gouvernement de limiter l’exportation de l’huile d’argan pourra être judicieuse, si au Maroc on parvient à raffiner le produit ». Mais d’ici juin, ça sera très difficile. La conséquence c’est aussi que certaines entreprises cosmétiques ne pourront faire de produit à base d’huile d’argan, car le raffinage fait défaut au Maroc, prévient la responsable.

À lire : L’arganier marocain résiste à la concurrence israélienne

Il faut rappeler que les restrictions annoncées pour le 1ᵉʳ juillet prochain, interviennent à un moment où les produits marocains ont du succès sur le marché international alors que leur prix d’achat connait une hausse vertigineuse sur le marché national. Le conflit russo-ukrainien a aggravé la hausse des cours internationaux. Pour faire face à la situation, de nombreux pays ont décidé de faire comme le Maroc : réguler leurs exportations.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Exportations - Agriculture - Huile d’argan - Ministère de l’industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies

Aller plus loin

Arganier : une mine d’or pour le Maroc

C’est la ville d’Agadir qui a abrité le 10 mai, la célébration de la toute première journée internationale de l’arganier initiée par le Maroc et l’ONU. L’occasion d’en savoir...

Au Maroc, l’huile d’argan devient un produit de luxe inaccessible

L’huile d’argan voit son prix flamber cette année au Maroc. Autrefois produit de consommation courante, il devient un luxe réservé aux plus fortunés, victime de son succès à...

Voici pourquoi le Maroc interdit l’exportation de l’huile argan

Le Maroc a décidé de limiter l’exportation de l’huile d’argan. Voici les explications du gouvernement.

L’arganier, symbole du Maroc, en voie de disparition ?

Au Maroc, le réchauffement climatique et l’exploitation forestière pourraient être responsables de la disparition de l’arganier, l’arbre dont l’un des rôles est de produire...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : record d’exportations d’avocat, mais à quel prix ?

Les agriculteurs marocains continuent de produire de l’avocat destiné à l’exportation, malgré le stress hydrique que connaît le royaume. Le volume des exportations de ce produit a déjà atteint 30 000 tonnes.

Le roi Mohammed VI en France ?

L’invitation lancée par Emmanuel Macron à Mohammed VI pour le Salon International de l’Agriculture à Paris, du 22 février au 2 mars, ressemble à une tentative de déminer un terrain glissant. Si le roi du Maroc accepte, ce sera sa première visite...

Avocat : Le Maroc inonde l’Europe

Le Maroc continue d’inonder le marché européen de ses avocats. Entre octobre et décembre 2024, le royaume a exporté pas moins de 42 000 tonnes de ce produit vers l’UE. Des chiffres qui risquent de grimper d’ici à avril.

Maroc : la quête d’autosuffisance en dattes face aux défis climatiques

Le Maroc est le septième producteur mondial de dattes, avec un volume de 170 000 tonnes par an. Toutefois, des défis restent à relever pour le développement de la filière et satisfaire la demande nationale.

Les archéologues font une étonnante découverte au Maroc

Des archéologues ont découvert au Maroc le plus ancien site agricole qui date de la période de la préhistoire.

Annulation de l’Aïd Al-Adha au Maroc : coup dur pour les « chennaqas »

L’annulation par le roi Mohammed VI du rituel du sacrifice de l’Aïd Al-Adha ne fait pas que des heureux. Les « chennaqas » (intermédiaires et spéculateurs des secteurs de l’agriculture et de la pêche) se trouvent en difficulté.

Huile d’olive au Maroc : enfin la baisse des prix ?

Le Maroc est en passe de surmonter la crise oléicole. Après années de sécheresse, la filière oléicole se remet doucement en ordre de marche, mais il y a à craindre d’autres risques et aléas.

Menace sur la production de myrtilles au Maroc

Le champignon Erysiphe vaccinii, responsable de la maladie connue sous le nom d’oïdium, menace la production de myrtilles au Maroc et dans le monde. C’est ce que révèle une étude menée par l’université d’État de Caroline du Nord.

Bonne nouvelle pour les MRE : Importations de meubles usagés désormais libres

Le ministère marocain de l’Industrie et du commerce vient de lever les restrictions à l’importation par les Marcains résidant à l’étranger des meubles en bois, des tapis et autres articles électroménagers usagés.

Maroc : les prix des fruits et légumes atteignent des sommets

Au Maroc, les prix des fruits et légumes continuent d’augmenter et de peser sur le budget mensuel des Marocains en raison notamment des exportations.