Hijab et football féminin : Le Conseil d’État maintient l’interdiction
L’interdiction du port du hijab lors des compétitions de football féminin, qui est en vigueur depuis 2016, a été confirmée par le Conseil d’État jeudi.
Photo : Solène Gün - Dazed
En France, écolières, athlètes et féministes résistent à l’interdiction du port du voile dans les établissements scolaires et du hijab dans le sport dans un pays où la laïcité, semble-t-il, exclut les femmes musulmanes.
Les musulmanes sont excédées par les restrictions vestimentaires qui leur sont imposées au nom de la laïcité. De l’interdiction du hijab dans le sport à celle du port de l’abaya dans les établissements scolaires, elles se sentent victimes d’un système. Selon Loubna Reguig, présidente des Étudiants musulmans de France (EMF), qui soutient les étudiants de tous horizons à l’université et défend leurs intérêts, la laïcité a exclu les femmes musulmanes, rapporte Dazed. Pour étayer son argumentation, elle pointe les actions mises en œuvre par l’État français pour empêcher les femmes de porter le hijab et des vêtements pudiques perçus comme associés à l’Islam à « l’intersection complexe des héritages coloniaux, impliquant racisme, islamophobie », et la discrimination fondée sur le sexe ». Elle pointe ainsi un doigt accusateur vers la classe politique française, surtout l’extrême droite, qui prône une forme de laïcité moderne au détriment des musulmans.
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En septembre, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a interdit le port de l’abaya et du qamis à l’école peu avant la rentrée scolaire, face à des signalements en hausse dans les établissements. Une interdiction validée par le Conseil d’État. « Cette interdiction ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée, à la liberté de culte, au droit à l’éducation et au respect de l’intérêt supérieur de l’enfant ou au principe de non-discrimination », juge la plus haute juridiction administrative du pays dans sa décision, estimant que le port l’abaya ou du qamis « s’inscrit dans une logique d’affirmation religieuse », alors que la loi française interdit depuis 2004 le port de signes et tenues qui manifestent de manière ostensible une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. « La seule raison à cette interdiction, c’est que l’extrême droite aime ça », estime Sihem Zine, qui a fondé Action Droits des Musulmans (ADM) pour protéger les droits des citoyens musulmans.
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Elle avait déposé un recours contre l’interdiction de l’abaya, mais le Conseil d’État a donné raison au ministre de l’Éducation nationale. Exprimant son dépit après la décision de la haute juridiction, Sihem a indiqué que « le concept de laïcité dans ce pays est erroné et a été transformé en une laïcité d’exclusion ». « Le principe général de la laïcité est la liberté de croire ou de ne pas croire, ce qui signifie que l’État et ses fonctionnaires doivent être neutres. Mais depuis plusieurs années, ce sont les individus en tant qu’usagers des services publics qui se voient neutralisés. La définition actuelle de la laïcité est si large qu’elle signifie que nous rouvrons éternellement le débat sur la place des minorités ethniques et des musulmans dans la société », déplore-t-elle.
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L’interdiction du hijab dans le sport passe mal. En juin 2023, le Conseil d’État a maintenu, en réponse à une requête du collectif des Hijabeuses, l’interdiction du hijab en compétition. Une décision qui avait été prise par la Fédération française de football. « Nous avons fait confiance à la justice, raconte Hawa Doucouré, étudiante en architecture au comité directeur des Hijabeuses. Nous pensions que nous allions gagner. Ce n’est pas une question d’opinion, c’est une question de faits et de droit. Aujourd’hui, nous commençons à penser que le système judiciaire profite à ceux qui détiennent le pouvoir. Même les avocats et les politiciens qui n’étaient pas de notre côté pensaient que nous gagnerions parce que nous avions raison face à la loi. Cette décision signifie que pour “protéger” les personnes opprimées, il faut les opprimer davantage. »
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Doucouré n’entend toutefois pas baisser les bras. « Nous allons encore nous battre, nous n’allons pas lâcher prise. Nous avons de plus en plus de filles qui nous rejoignent chaque jour. Ce n’est que le début. » Plus tard, le collectif des Hijabeuses ont porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’Homme.
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