La Cour de cassation marocaine avait annulé à la mi-mars le verdict de la cour d’appel de Meknès. « Selon la Cour de cassation, la décision du juge n’était pas correctement motivée, explique Joris Van Maele, l’avocat du Belge Marc Moerman, 59 ans, incarcéré au Maroc depuis presque deux ans pour des faits d’abus sexuels. Elle était uniquement basée sur les déclarations mensongères de l’ex-femme et non sur des preuves solides. On parlait aussi d’un enregistrement audio dans lequel mon client prétendument avoue des choses. Mais cela n’est absolument pas vrai. La police marocaine n’a même pas écouté l’enregistrement, mais a demandé à son ex-femme de décrire ce qui était sur la bande. C’est absolument hallucinant. » Par conséquent, un nouveau procès devrait s’ouvrir bientôt au Maroc. « On nous a dit en septembre, mais nous n’avons pas encore de date exacte. Bien sûr, nous plaiderons pour l’acquittement », ajoute la défense cité par kw.be.
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La famille de l’homme de Bruges exprime son grand soulagement. « Enfin, nous avons de nouveau de l’espoir, dit sa sœur. Marc vit en prison dans un régime très strict et est détruit par la solitude. Il ne peut parler à personne, car il ne maîtrise pas la langue. Heureusement, il peut lire des livres. Ma mère et mon autre frère ont pu parler à Marc pendant deux heures en février, mais je ne l’ai pas vu depuis presque deux ans. Heureusement, je peux l’appeler. Marc était longtemps désespéré, mais maintenant il est à nouveau plein d’espoir. Nous continuerons à le soutenir pleinement et il croit qu’il sera acquitté lors de son nouveau procès. »
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En 2020, Moerman avait été accusé par son ex-femme, Samira S., une Marocaine qu’il avait rencontrée pendant ses vacances à Agadir, d’abus sexuels sur leur fils et ses deux enfants d’une précédente relation. À l’époque, le couple qui vivait en Belgique depuis une vingtaine d’années, avait divorcé. Mais l’enquête ne confirme pas les accusations. L’ingénieur belge obtient la garde complète de son fils qui sera « enlevé » en mars 2021 par son ex-femme, avant de se réfugier au Maroc. Le 20 mai 2021, le tribunal pénal de Bruges avait condamné Samira par défaut à un an de prison ferme pour non-présentation d’enfant. Elle avait entre-temps fait appel, mais le tribunal a confirmé sa peine.
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En novembre 2021, Moerman, accompagné de son avocat, s’envole pour le royaume dans l’espoir de récupérer son fils. « Mais à son arrivée, la police l’attendait », explique l’avocat Joris Van Maele. Il sera arrêté puis incarcéré à la prison de Toulal 2, le 6 décembre. « Son ex-femme l’avait à nouveau accusé d’abus sexuels au Maroc. Mon client a été arrêté et est en prison depuis. Je n’ai jamais pu lui rendre visite en tout ce temps. La porte de la prison est le plus loin que j’ai pu aller », ajoute-t-il. Le 14 avril 2022, le tribunal de première instance de Meknès a condamné Moerman à trois ans de prison ferme. Le cinquantenaire qui a toujours nié avec force les accusations d’abus sexuels interjette appel. Mais il voit sa peine en appel s’alourdir. Il écope de huit ans de prison ferme, le juge ayant estimé qu’il ne s’agissait pas seulement d’agression, mais aussi de viol. Un coup dur pour le Belge qui retrouve finalement l’espoir après l’annulation du jugement de la Cour d’appel de Meknès.