De nombreux habitants de Sebta ont du mal à croire en l’arrestation et la détention pour abus sur mineurs du Dr Javier Guerrero. En 38 ans de carrière, ce médecin très connu a traité au moins un membre de presque toutes les familles de la ville autonome. « D’une part, il est inconcevable que quelqu’un que vous connaissez et appréciez ait pu faire cela et vous ne voulez pas que cela soit confirmé, mais vous pensez aussi que ce serait encore pire s’il n’y avait pas de fondement réel à son arrestation… Dans quelle situation le système et les institutions seraient-ils… ? », se demandent les habitants.
L’arrestation de Guerrero fait suite à dix mois d’enquête menée par la Garde civile, ce qui a permis d’obtenir des preuves, comme le fait d’inviter des mineurs dans son cabinet privé à l’insu de leurs tuteurs légaux. Ses proches réfutent ces arguments. La base du problème, c’est la « politique. Il n’aurait jamais dû y entrer », déplorent-ils. Après les élections de 2019, il a accepté le poste de ministre de la Santé du gouvernement de Sebta sous Vivas (PP), rappelle El Diario. En été 2021, après avoir renoncé à son ambition de présider le PP, il crée son propre parti, Ceuta Avanza.
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Quelques mois avant, le 26 janvier 2021, il a démissionné de son poste après avoir été éclaboussé par un scandale d’achat de masques et renoncé également à son poste de député lorsqu’il a été découvert qu’il avait violé les protocoles de vaccination contre le Covid-19 pour recevoir les doses plus tôt, justifiant plus tard son acte par le fait qu’il est diabétique. C’est ainsi qu’en mai 2021, il a commencé à proposer ses services dans les centres d’accueil pour mineurs étrangers non accompagnés de la ville, parmi eux de nombreux Marocains.
En janvier 2022, il est soupçonné de comportements inappropriés envers les mineurs. « Si acheter des sous-vêtements et des chaussettes pour 3 enfants pour jouer au football est un crime, je l’assume », a-t-il fini par lâcher sur WhatsApp. Il lui a été expressément interdit de « faire des cadeaux de toute nature à des mineurs sans l’autorisation préalable et expresse de la Fondation SAMU ». Dans un tweet, Guerrero dénonce son arrestation qu’il considère comme un « complot » des institutions visant à le « détruire ».