Fès : arrestation d’un raqi en compagnie de 4 mineures
Un raqi a été traduit devant le Procureur général près la Cour d’appel de Fès, pour incitation à la prostitution, viol et ivresse publique.
Des Marocaines racontent le calvaire qu’elles ont vécu lors des séances de roqya, exorcisme destiné à chasser les djinns, qui finissent souvent par des abus sexuels et du harcèlement. Enquête.
La BBC Arabic a recueilli les témoignages de 85 femmes, sur une période de plus d’un an, qui ont suivi des séances de roqya auprès de 65 “raqi” au Maroc et au Soudan – deux pays où ces pratiques sont particulièrement populaires. L’une d’elle se prénomme Dalal (prénom d’emprunt). Elle raconte avoir consulté un raqi dans une ville proche de Casablanca il y a quelques années pour soigner une dépression. D’après son témoignage, le raqi lui a dit que la dépression était causée par un « amant djinn » qui l’avait possédée. Lors d’une séance individuelle, il lui a demandé de sentir un parfum qu’il a qualifié de musc. Aujourd’hui, elle estime qu’il s’agissait d’une sorte de drogue, car elle a perdu connaissance.
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À son réveil, celle qui n’avait jamais eu de relations sexuelles auparavant dit avoir découvert qu’on lui avait enlevé ses sous-vêtements et qu’elle s’est rendu compte qu’elle avait été violée. Elle dit avoir demandé au raqi ce qu’il lui avait fait. « J’ai dit : ‘Honte à toi ! Pourquoi m’as-tu fait ça ? Il m’a répondu : ‘Pour que les djinns quittent ton corps’ ». Convaincue qu’elle serait blâmée, elle n’a raconté à personne sa mésaventure. Quelques semaines plus tard, elle tombe enceinte. L’idée de se suicider lui traverse l’esprit. Elle y renonce. Lorsque Dalal a parlé de sa grossesse au raqi, celui-ci a nié. Une expérience traumatisante pour la jeune femme qui a fait adopter son enfant après sa naissance.
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Comme Dalal, beaucoup de femmes marocaines et soudanaises ont vécu des expériences traumatisantes. Au Soudan, nombreuses sont les femmes qui ont consulté le cheikh Ibrahim. Trois des 50 femmes qui ont livré leur témoignage l’ont accusé d’abus sexuels et de maltraitance. Des accusations qu’il a niées. Mais une journaliste de la BBC se faisant appeler Reem s’est fait passer pour une cliente souffrant d’infertilité et a pu recueillir davantage de preuves. Le cheikh Ibrahim lui a dit qu’il ferait une prière pour elle et lui a préparé une bouteille d’« eau de guérison » – connue sous le nom de “mahayya” – qu’elle devait emporter chez elle et boire. Reem raconte qu’il s’est ensuite assis très près d’elle et a posé sa main sur son ventre.
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Lorsque la journaliste lui a demandé de retirer sa main, il l’a simplement descendue le long de son corps, sur ses vêtements, jusqu’à ses parties intimes. Elle a dit avoir quitté la pièce en courant. « Il m’a vraiment ébranlée », a confié Reem. Interrogé par la BBC sur ce qui était arrivé à Reem, le cheikh Ibrahim a nié avoir harcelé ou agressé sexuellement des femmes qui cherchaient son aide, et a brusquement mis fin à l’entretien.
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