Dans son ouvrage Sexe et mensonges : la vie sexuelle au Maroc, paru à Paris, en 2017, la journaliste et écrivaine franco-marocaine, Leïla Slimani, décrit la perception que la société marocaine a de la virginité de la femme marocaine.
"La virginité est une obsession au Maroc et dans le monde arabe. Que vous soyez libérale ou non, religieuse ou non, il est impossible d’échapper à cette obsession", déclare Leïla Slimani. Elle explique qu’une femme est censée fournir un "certificat de célibat" avant de se marier. Aussi, doit-elle conserver sa virginité jusqu’au mariage. L’écrivaine fait savoir que "la virginité de l’homme, impossible à prouver, et qui n’est de toute façon pas demandée, ne préoccupe personne".
"Idéalisée et mythifiée, la virginité est devenue un instrument coercitif destiné à garder les femmes à la maison et à justifier leur surveillance à tout moment. Bien plus qu’une question personnelle, elle fait l’objet d’anxiété collective", dénonce-t-elle. Cette situation pousse des femmes marocaines à se refaire l’hymen ou à se procurer des hymens artificiels auprès des laboratoires afin de saigner le premier jour des rapports sexuels.
La question de la virginité est prise au sérieux dans le royaume, à tel point que les personnes non mariées ont du mal à se voir. Selon Slimani, ceux qui ont des moyens pour se voir dans un hôtel ne peuvent pas le faire, puisque les hôtels exigent un certificat de mariage pour les couples.
Ces personnes finissent par se donner rendez-vous dans les voitures, dans les forêts, au bord des plages, sur les chantiers… C’est sans compter la peur d’être découvertes puis arrêtées par la police. "Je ne sais pas si une fille européenne de 16 ans peut vraiment imaginer le stress qu’une telle situation peut représenter", se demande celle qui s’est aussi cachée dans une voiture avec son petit ami la dernière année de ses études au Maroc.