Le Lycée Averroès a ouvert ses portes à Lille

2 septembre 2003 - 22h01 - France - Ecrit par :

Onze élèves de classe de seconde, six garçons et cinq filles, ont fait mardi matin à Lille (Nord) une rentrée très médiatique devant de nombreux journalistes présents pour l’ouverture des portes du premier lycée musulman privé de France.

« La médiatisation ? J’ai trouvé cela normal », a expliqué Mohammed Tassi, 15 ans, un des élèves de la classe de seconde du lycée Averroès. « Après, c’est mon choix personnel de faire mes études dans un lycée musulman », a-t-il ajouté. « C’était quand même un peu trop, tous ces journalistes », a tempéré Anas Saghrouni, 15 ans. Du côté des garçons, on se déclare « motivé » et préoccupé pour « obtenir le bac ».

Chez les filles, plus réservées, la possibilité de porter le foulard semble être la première motivation de leur inscription au lycée Averroès. « Je suis venue ici par choix personnel, même si mes parents m’y ont encouragée », a confié Samira, 16 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. « On peut être croyant sans foulard mais moi, je veux le mettre », a poursuivi une autre élève qui n’a pas accepté de donner son identité. Douze élèves étaient attendus ce mardi alors qu’en juillet dernier, les responsables du lycée avaient annoncé 31 inscriptions. Le petit nombre d’inscrits, tous musulmans pratiquants, n’en demeure pas moins un succès pour les initiateurs du lycée qui sont des membres de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), une organisation proche des Frères musulmans.

« C’est un grand jour pour l’Islam de France et la communauté musulmane qui ont fait un grand chemin pour la réussite de ce projet. Ce lycée est aussi une vitrine, un laboratoire pour l’UOIF », a expliqué à l’Associated Press Amar Lasfar, le recteur de la mosquée de Lille-Sud et président de l’association qui gère le lycée. « Ces premiers élèves sont en train d’écrire une page de l’histoire de la communauté musulmane dans leur pays. Il arrivera un jour où ils pourront dire, j’y étais », a-t-il ajouté.

Installé au deuxième étage de la mosquée Al-Imane (La Foi) à Lille-Sud, un quartier populaire de Lille, le lycée Averroès, du nom du philosophe arabo-andalou du XIIe siècle Abou al-Walid Ibn Rouchd, ne compte qu’une seule classe pour cette première rentrée. Le lycée Averroès, qui permet à ses élèves de suivre un enseignement religieux et des cours de culture arabe en plus des matières traditionnelles, n’organise pas son fonctionnement selon les horaires des prières à l’exception de la prière du vendredi midi.

« Ce lycée n’a pas une vocation strictement religieuse », a commenté Amar Lasfar, qui milite pour le port du voile depuis le début des années 90. Le recteur explique que si l’établissement est né, c’est en raison de l’exclusion de jeunes filles voilées des bancs de l’école publique. « Elles sont ici parce qu’elles peuvent porter le voile sans problème. Si on assimile toute jeune fille qui porte le voile ou tout homme qui porte la barbe au fondamentalisme, c’est une grande confusion », a-t-il dénoncé. « Je prêche un Islam respectueux des valeurs de la République. C’est légitime que les gens aient peur parce qu’ils assimilent tout à tout. La conjoncture internationale n’est pas favorable », a-t-il reconnu.

Frédéric Lépinay pour AP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Lille - Education

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

Maroc : des notes trop gonflées dans les écoles privées ?

Au Maroc, le phénomène des « notes gonflées » continue de sévir dans des écoles privées. C’est du moins le constat fait suite à la fuite de certains relevés de note sur les réseaux sociaux après la publication des résultats du BAC 2024.

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Au Maroc, les élèves fêtent la fin d’année scolaire en déchirant leurs cahiers

Au Maroc, des scènes des élèves déchirant leurs cahiers et livres pour annoncer la fin de l’année scolaire, se sont reproduites.

Maroc : cette violence qui interpelle

La parlementaire Nadia Bouzendoufa, du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale sur sa stratégie visant à réviser la circulaire ministérielle n° 14/867 et à adopter des mesures...

Maîtrise de l’anglais : le Maroc à la traîne

Alors que les Marocains délaissent de plus en plus le français pour l’anglais, le Maroc est encore à la traîne quant à la maitrise de langue de Shakespeare.

L’arabe obligatoire dans une école en Belgique

Un établissement catholique flamand propose un cours d’arabe obligatoire à ses élèves de dernière année, une initiative inédite en Belgique.

Au Maroc, la santé des élèves menacée

Au Maroc, des associations de protection des consommateurs ont lancé un appel aux autorités compétentes afin qu’elles renforcent les contrôles en ce qui concerne la qualité des fournitures scolaires en cette période de reprise des classes. Objectif,...

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

Des conditions strictes pour enseigner dans le privé au Maroc

Le ministère de l’Éducation nationale a récemment autorisé les enseignants du public à donner des cours supplémentaires dans le privé, sous certaines conditions. Pour arrondir leurs fins de mois, ces professeurs devront obtenir une autorisation...