Tout est parti d’une plainte déposée par Kenza (nom d’emprunt) à la Brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire de Paris, relate Le Parisien. La jeune fille d’origine marocaine, qui avait 16 ans au moment des faits, a confié aux enquêteurs le 15 mars dernier avoir été « livrée » à Jacques Bouthier par sa cousine Leïla R., chez qui elle vivait à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). La victime précise avoir eu ses premiers rapports sexuels avec le PDG d’Assu2000 début 2016, ajoutant qu’après chaque rencontre avec le septuagénaire, sa cousine percevait 200 euros.
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Mais à l’été 2017, Jacques Bouthier aurait décidé de payer directement cette somme à Kenza et de lui offrir un appartement en région parisienne où il venait assouvir ses penchants pédophiles à ses heures perdues. Une fois devenue majeure en 2018, Jacques Bouthier l’aurait forcée à fréquenter des clubs échangistes et à tenir des rapports sexuels avec plusieurs hommes qui payaient chacun 100 euros. Le PDG d’Assu2000 aurait également eu des rapports avec la jeune femme à plusieurs reprises, dans son bureau ou dans la salle de sport de l’entreprise, et la payait pour ce service, a-t-elle avoué aux enquêteurs.
Kenza dit avoir été pendant plusieurs années l’esclave sexuelle du septuagénaire qui a fini par se lasser d’elle en 2022, alors qu’elle avait 22 ans. Elle précise qu’elle avait aussi succédé à une autre Marocaine qui avait subi les mêmes horreurs de la part de Jacques Bouthier. Par l’entremise de Kenza, le PDG rencontre le 11 mars une collégienne de 14 ans de nationalité roumaine. Toute la scène a été filmée par Kenza qui avait tendu un piège à Bouthier. Elle aurait ensuite utilisé cette vidéo compromettante pour faire chanter le PDG d’Assu2000, mais ce dernier n’aurait pas été inquiété par ses menaces.
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C’est alors que la jeune femme a décidé de le dénoncer au commissariat du XIXᵉ arrondissement. Soupçonné de viol, Jacques Bouthier a été placé sur écoute, ce qui a permis aux enquêteurs de découvrir qu’il a sollicité les services de Gabriel R., 49, ans, directeur d’une entreprise de BTP prestataire chez Assu2000, pour l’aider à régler ce problème. Ce dernier fait appel à Christian G., 59 ans, un ancien agent du GIGN qui a perçu 35 000 euros pour retrouver Kenza, récupérer la vidéo et l’exfiltrer hors de France.
Jacques Bouthier a été interpelé le 17 mai à son domicile de Charente-Maritime où des fichiers pédopornographiques ont été retrouvés. Placé en garde à vue, le septuagénaire a nié les faits, avant de passer aux aveux, admettant avoir eu des rapports sexuels réguliers avec les victimes et tenté d’étouffer l’affaire. Le PDG a été mis en examen fin mai pour « viols et agression sexuelle sur mineures », « traite des êtres humains », « recours à la prostitution d’une mineure » et « association de malfaiteurs criminelle ». L’enquête suit son cours. Mardi dernier, Assu2000 (désormais Vilavi) a annoncé la démission de Jacques Bouthier.