Au Canada, les infirmières marocaines déchantent

8 avril 2025 - 10h00 - Monde - Ecrit par : S.A

Les infirmières étrangères – dont des Marocaines – recrutées au Québec dans le cadre d’un programme du gouvernement provincial sont désenchantées par leur nouvelle vie.

Un rapport produit par le ministère de l’Immigration met en lumière les « obstacles majeurs », notamment le manque de logement, de places en garderie et de transport, auxquels font face les infirmières étrangères à leur arrivée au Québec dans le cadre de l’initiative de 65 millions, annoncée en 2022, pour faire venir 1500 infirmières étrangères au Québec d’ici 2028 pour travailler dans les régions où sévit une grave pénurie d’infirmières.

Un programme de formation rigide, le choc culturel et la peur de l’échec ont causé un stress important chez les recrues, indique le rapport, suggérant qu’elles n’étaient pas correctement informées des exigences du programme ni de la réalité de la vie au Québec.

Les candidates reçoivent une formation dans des cégeps, financée par le gouvernement, et sont rémunérées 500 $ par semaine. Le gouvernement a dépensé environ 16 millions pour la première phase du programme, soit environ 77 000 $ pour chacune des 207 infirmières recrutées. Mais d’après le rapport de novembre 2024 sur la première phase du programme, obtenu grâce à la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics, le projet est mal organisé. Le rapport note que le projet n’a pas préparé les infirmières étrangères à ce qui les attend lorsqu’elles ont quitté leurs pays pour venir au Canada.

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« Rapidement lors du démarrage de la phase 1, des obstacles majeurs pour l’installation des participants ont été rencontrés », peut-on lire dans le rapport. « Dans la majorité des régions, les participants au projet ont dû faire face à des enjeux qui ont complexifié leur intégration et qui ont pu avoir un impact négatif sur leur pleine participation à la formation d’appoint », est-il écrit.

Un infirmier exprime son indignation auprès de La Presse Canadienne sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. « On était traités comme des enfants. […] La bonne information ne nous a pas été révélée », a déploré celui qui a obtenu son diplôme d’infirmier dans son pays d’origine en 2019. Il avait quitté son pays d’origine, situé en Afrique, en juin 2023 pour rejoindre le Québec.

Les problèmes auxquels les infirmières étrangères au Québec sont confrontés sont de plusieurs ordres : difficulté à trouver des logements, surtout pour celles qui arrivaient avec jusqu’à cinq enfants ; difficultés liées au programme de formation lui-même, d’une durée de neuf à quatorze mois ; manque d’antécédents de crédit et absence de réseau de transport en commun performant dans plusieurs régions. L’absence de réseau de transport en commun performant a d’ailleurs contraint les infirmières à obtenir un permis de conduire québécois et à acheter une voiture. Une dépense imprévue pour certaines.

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« Ces enjeux […] ont fait ressortir l’importance de présenter un portrait honnête des coûts et défis liés à la vie au Québec et dans la région de destination », est-il indiqué dans le rapport. « Je ne comprends pas pourquoi ces enjeux n’ont pas été correctement pris en compte lors de l’élaboration de ce programme », a dénoncé le directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales, Fo Niemi.

« Le rythme académique soutenu et les grandes conséquences en cas d’échec ont fait vivre un grand stress aux étudiants », est-il mentionné dans le rapport.

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