Pyrénées-Orientales : la galère administrative sans fin pour un titre de séjour

20 avril 2025 - 07h00 - France - Ecrit par : P. A

Premiers arrivés, premiers servis. C’est la règle d’or à l’hôtel Ortaffa à Perpignan où, des dizaines d’étrangers tentent, trois matinées par semaine, d’obtenir un ticket pour accéder au guichet de la préfecture afin d’enclencher des démarches de titres de séjour.

C’est un véritable parcours du combattant pour ces étrangers demandeurs de titres de séjour ou de renouvellement. Mardi dernier à 6h30, la rue Lazare-Escarguel à Perpignan grouillait déjà d’une dizaine d’entre eux. Ils attendaient l’ouverture de la direction de la citoyenneté et de la légalité de la préfecture des Pyrénées-Orientales dont le siège se trouve à l’intérieur de l’hôtel d’Ortaffa. « L’accueil des usagers est désormais ouvert les lundis, mardis et vendredis de 9 h à 11 h. Pour des raisons de sécurité et selon le flux, les portes du hall Ortaffa pourront être fermées plus tôt », informe la direction sur son site internet.

À lire : Encore plus difficile d’obtenir des titres de séjour en France

Par jour d’ouverture, le centre ne délivre pas plus de 50 tickets d’entrée. Pour être sûr d’obtenir son ticket, il faut s’assurer d’être parmi les premiers arrivés. Rachid (nom d’emprunt), 59 ans, qui n’avait pas pu avoir gain de cause lundi, s’est pointé le mardi à 2 h. « Lundi, je suis venu vers 6 h, il y avait trop de monde. On était plus d’une centaine à attendre, c’était la cohue. Je n’ai pas réussi à avoir de ticket. Je suis venu pour rien… Alors, cette fois, même si le guichet n’ouvre qu’à 9 h, je suis arrivé à 2 h du matin pour être sûr de passer », confie à L’Indépendant celui qui vit et travaille en France depuis près de 30 ans.

Jean-Paul est dans la file depuis 3 h 30. Le Guinéen de 22 ans résidant en France depuis 7 ans est reparti bredouille la veille comme Rachid. « Hier, je suis venu à 6 h. Je n’ai pas pu rentrer. Mon précédent justificatif est arrivé à échéance. J’ai juste un récépissé qui atteste que la procédure est en cours. Il fait office de document officiel en attendant le suivant et me permet de travailler. Il est valable six mois », explique ce plombier. Najat, une Marocaine de 29 ans, est aussi dans le rang depuis 5 heures. Résidant en France depuis 2016 et renouvelant son titre chaque année, cette éducatrice spécialisée prépare un dossier pour une carte de séjour de 10 ans.

À lire : En France depuis 50 ans, on lui refuse la carte de séjour

« Ça ne fait pas très longtemps que ça bloque comme ça. Pour mes précédentes demandes, j’arrivais à 9 h, je passais directement. Il n’y avait pas la queue. Un agent m’a dit qu’il y a un problème de système depuis que nos dossiers ne sont plus traités ici, à Perpignan, mais à Montpellier », détaille la jeune femme qui craint de rater une opportunité professionnelle à cause de cette lourdeur administrative : « Mon employeur me propose un CDI, mais je ne peux pas signer tant que le titre n’est pas renouvelé. J’ai peur que si ça dure trop longtemps, un intérimaire prenne ma place et que le contrat me passe sous le nez… »

Quelque 70 étrangers attendaient devant la direction de la citoyenneté et de la légalité un peu avant l’ouverture à 9 h. « Messieurs dames, je vous le rappelle, je ne distribuerai que 50 tickets. Seuls les 50 premiers rentreront. Une altercation sur la voie publique et on arrête tout. Je n’en ferai rentrer que 20 s’il le faut ! », menace un agent de la préfecture avant l’ouverture. « On s’est rendu compte qu’on traitait à peu près 50 situations chaque matin. Plutôt que de les faire attendre, on a mis en place ce système de tickets depuis la fin de l’année dernière », explique pour sa part Bruno Berthet, secrétaire général de la préfecture des Pyrénées-Orientales.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Immigration - Administration

Aller plus loin

France : attention aux arnaques aux titres de séjour

En France, de nombreux étrangers demandeurs de titre de séjour, dont les Marocains, subissent la loi des intermédiaires véreux.

Encore plus difficile d’obtenir des titres de séjour en France

Depuis l’entrée en vigueur en janvier dernier de la circulaire Retailleau, l’obtention ou le renouvellement des titres de séjour en France relèvent d’un véritable parcours du...

Les Marocains en tête des titres de séjour en France

Comme en 2023, les Marocains sont en tête des pays ayant bénéficié des titres de séjour en France l’année dernière.

En France depuis 50 ans, on lui refuse la carte de séjour

Monique Kaltschmidt-Nadel, une Américaine de 79 ans, vivant en Haute-Savoie (France) avec son mari français depuis plus de 50 ans, se retrouve sans carte de séjour.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les rues débordent de marchands ambulants

Les marchands ambulants au Maroc ont toujours pignon sur rue en dépit des politiques publiques mises en œuvre, des investissements consacrés à la construction de marchés et des campagnes de libération de l’espace public.

Les fonctionnaires marocains abusent-ils de leurs avantages ?

L’association marocaine pour la protection des biens publics invite le ministère de l’Intérieur à mettre fin à l’utilisation à des fins personnelles des véhicules de l’État par les élus et fonctionnaires publics.

Maroc : mise en garde contre les constructions illégales

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a apporté des clarifications au sujet des démolitions dans les zones côtières.

Maroc : derniers jours pour la régularisation fiscale des revenus

Les contribuables marocains souhaitant mettre en conformité leurs revenus déclarés n’ont plus que quelques jours pour déposer leurs demandes de régularisation.

Le Maroc s’oriente vers une administration sans papier avec une nouvelle plateforme numérique

Le ministère délégué chargé de la Transition numérique entend développer une plateforme dénommée « le compte numérique de l’usager » pour améliorer la qualité des services de l’administration aux usagers.

France : les étrangers en règle désormais fichés

Un durcissement du traitement administratif des étrangers, même en règle, se dessine à Nantes. Une note interne de la police dévoile une procédure inédite qui fait grincer des dents.

Intoxications en hausse au Maroc : quelles solutions ?

La Fédération marocaine des Droits des Consommateurs s’inquiète après la hausse des cas d’intoxication alimentaire enregistrés dans certains restaurants ces dernières semaines. Elle appelle le ministre de la Santé et de la Protection sociale à...

Maroc : des notes trop gonflées dans les écoles privées ?

Au Maroc, le phénomène des « notes gonflées » continue de sévir dans des écoles privées. C’est du moins le constat fait suite à la fuite de certains relevés de note sur les réseaux sociaux après la publication des résultats du BAC 2024.

Maroc : ces régions oubliées de l’internet

Lors d’un débat organisé par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ghita Mezzour, ministre de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a révélé la part du territoire marocain sans couverture internet.

Aid al adha : décision importante du Maroc

Le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Ahmed El Bouari, entend généraliser l’interdiction de l’abattage des femelles ovines dans les abattoirs.