Au Maroc, des écologistes appellent à mettre fin à la « plantation anarchique » de palmiers d’origine américaine et à adopter une « politique de reboisement réfléchi dans l’aménagement du territoire ».
Revoir la plage d’Agadir jonchée de détritus a déchiré le coeur de cette militante. À Meknès, Rolande Haugmard sensibilise désormais les collégiens. Et rend ce qu’elle a reçu.
« Je souhaite rendre au Maroc tout ce qu’il m’a donné. » La Nantaise Rolande Haugmard s’envole, samedi prochain, pour Meknès. Pas pour jouer les touristes dans la médina. La jeune retraitée s’est mise en tête de sensibiliser les collégiens de la ville à l’environnement. Plus précisément au ramassage des déchets.
À 65 ans, Rolande Haugmard aurait pu se contenter de paisibles activités, de voyages... Mais c’est une femme d’engagements : dans le passé comme présidente d’une association de promotion de la femme dans les partis politiques, ou aux côtés de la sénatrice de Loire-Atlantique, Gisèle Gautier.
« La politique n’est plus mon combat, dit-elle aujourd’hui, mais je ne serai jamais une retraitée à l’écart de la vie. » Après une carrière professionnelle remplie, de l’Insee aux assurances en passant par les relations publiques, ses dernières années de travail l’ont conduite au Maroc. Comme formatrice commerciale auprès de cadres et d’employés de grandes entreprises, entre 2002 et 2007.
Des déchets partout sur la plage
Un retour, car Rolande Haugmard y a vécu près de dix ans, enfant et adolescente, dans les années 50, lorsque son père était militaire. « Le Maroc, ce sont des couleurs, des parfums qu’il n’y a nulle part ailleurs. Entendre le chant du muezzin, comme lorsque j’avais 10 ans, ça remue... »
Émotions, mais aussi regrets et colère mêlés. « De voir la plage d’Agadir jonchée de déchets, j’ai eu mal au coeur. Les baigneurs européens enjambaient les détritus. Il y a pourtant des poubelles. Le tourisme est souvent pire que le colonialisme. C’est « je viens, je paye, j’ai droit ». Mais on a aussi des devoirs. »
Que faire ? Après un premier ramassage improvisé, Rolande Haugmard décide d’agir concrètement avec les jeunes marocains. Comment ? À Meknès, elle prend contact avec la communauté urbaine, une association locale qui travaille sur l’environnement et des établissements scolaires. La société de nettoyage de la ville est mise dans le coup.
Une association « je protège la nature » est créée en France et un délégué général prend le relais au Maroc. Pour financer, des sponsors sont recherchés dans les deux pays.
En novembre dernier, Rolande Haugmard est au collège Moulay-Youssef de Meknès pour sa première action de sensibilisation.
« Je leur ai dit : retroussez vos manches ! »
Elle présente un diaporama « les déchets non merci » à 70 élèves : « Je leur ai dit : retroussez vos manches et mettez votre pays en valeur. » Après la théorie, la pratique, avec le ramassage dans le quartier populaire de Saïdia. « En deux heures, on a rempli la moitié d’un camion-benne. »
Samedi, Rolande Haugmard repart donc pour une nouvelle action. « On s’inscrit sur une année scolaire avec le collège Moulay-Youssef. La communauté urbaine voudrait étendre l’expérience à toutes les écoles. »
La Nantaise sera reçue par le gouverneur de la province de Meknès-Tafilalet, car le projet devrait faire tâche d’huile dans d’autres régions du pays. La fondation Mohammed VI, présidée par la soeur du roi, envisage d’apporter son label à l’association.
Rolande Haugmard n’en a sans doute pas fini avec ce nouvel engagement. « Je n’avais plus envie de beaux discours, mais d’action. Ça tombe bien ! Je suis partie pour cinq ans là-bas, avec l’idée de transmettre le flambeau. »
Source : Ouest France - Édith Geslin
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