Mohamed Bellahrach, identifié comme Bellarache, Belahrech ou Belareh, est, selon le journal belge Le Soir, l’« officier traitant » d’un diplomate marocain surnommé « Le Géant », qui était en contact avec l’ancien député européen Pier Antonio Panzeri alias « le Cerveau », interpelé en décembre dans le cadre d’une enquête sur le scandale de corruption qui ébranle le parlement européen. Le socialiste est inculpé pour des faits d’« appartenance à une organisation criminelle », de « blanchiment d’argent » et de « corruption », relate le JDD. Le Maroc, lui, est accusé de corruption et d’ingérence dans les affaires européennes. Des accusations qu’il rejette.
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Mohamed Bellahrach, le « James Bond de Nador », était en France début 2016, année où le pays était secoué par une série d’attaques terroristes. Il aurait réussi à livrer au royaume près de 200 fiches S (pour « atteinte à la sûreté de l’État ») sur des Marocains liés à la mouvance islamiste, grâce au capitaine de police, Charles D., en poste à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), et l’entremise de Driss A., un Franco-marocain, patron d’une société de sécurité privée, chargé de la surveillance des passagers et des bagages dans cet aéroport. En échange, le policier aurait bénéficié de trois séjours au Maroc, tous frais payés, et d’un versement de quelques milliers d’euros.
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Charles D. a été placé en détention provisoire pendant huit mois puis radié de la police. La juge en charge de l’instruction de l’affaire à Créteil, veut connaitre la véritable identité de l’espion marocain. M118 n’est pas inconnu des services français. Il est fiché S et surveillé en tant qu’« agent étranger ». En tant que « concubin de Française », Nathalie Évelyne B, il est détenteur d’une carte de résident délivrée par la préfecture du Bas-Rhin le 21 décembre 2010 et valable dix ans. Recherché pour des faits de « corruption » et de « recel de bien provenant de la violation du secret professionnel », un mandat d’arrêt est émis à son encontre le 13 février 2018.
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Des enquêteurs de l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) se portent à son domicile alsacien pour l’arrêter, mais ils y trouvent plutôt un certain Fouad D., qui leur confie que « Mohamed Bellahrach est un ami » de vieille date et qu’il est « un agent du ministère de l’Intérieur marocain ». Fouad D. était le gérant d’une SCI qui avait en charge le suivi de la construction de la Grande mosquée de Strasbourg, financée en partie par le Maroc. Une information qui aura échappé aux enquêteurs.