Atterrissage d’urgence d’un avion de Royal Air Maroc
Ayant à peine décollé, le vol Royal air Maroc (RAM) AT 554 reliant Lagos à Casablanca, a atterri d’urgence à l’Aéroport Murtala Mohammed, au Nigéria ...
L’incident a été provoqué à cause d’une dépressuration en vol à 10.000m au dessus de l’Atlantique. L’avion a fait une chute de 10.000 à 3.000m, les masques à oxygène sont sortis. Voici le texte intégral du comité des passagers du vol AT200 du 20 janvier 2008 adressé au PDG de la RAM Driss Benhima.
Cher Monsieur Driss Benhima,
PDG de la Royal Air Maroc,
Le dimanche 20 janvier 2008, un Boeing 767 300 dans un état visiblement délabré a décollé à 11h37 de l’aéroport de Casablanca Mohammed V à destination de New York avec 168 passagers à bord. Vers 15h45 les passagers on été pris de panique suite à une forte secousse suivie d’une perte d’altitude effrayante qui a duré quelques minutes avant que le commandant appelle l’équipage pour effectuer une dépressurisation rapide. Les minutes qui ont suivi cette alerte ont été une rude épreuve pour tous les passagers craignant le pire étant donné que l’avion amorçait une descente rapide à une vitesse vertigineuse. Les hôtesses ont courues jusqu’à leurs sièges en criant : « mettez vos masques à oxygène quand ils vont tomber ». Quelques minutes plus tard le commandant, s’adressant aux passagers, a annoncé d’une voix tremblante que la vitre du cockpit s’était fissurée, l’obligeant à amorcer une descente de 10.000 mètres à 3.000 mètres, et que la situation exigeait un atterrissage d’urgence dans l’aéroport le plus proche, à savoir aux îles Açores. Grand soulagement à l’atterrissage réussi vers 17h30 alors qu’un autre calvaire ne faisait que commencer.
Parqués dans une salle d’attente de l’aéroport de l’île de Terceira, les passagers ont été dépourvus de tout contact direct avec une représentation de la RAM, de toute attention exigée dans ces circonstances, et surtout de toute information concernant la suite du voyage et de leur sort lors de cet atterrissage d’urgence. A une passagère qui demandait à voir un représentant de la RAM pour lui faire part de son mécontentement à ce sujet, la chef de cabine a rétorqué sur un ton agressif : « Vous devriez remercier Allah d’avoir survécu à cet accident. Quant à vos revendications, vous pouvez les formuler en arrivant à New York ».
Entre 17h30 et minuit les passagers, livrés à eux-mêmes, ont tenté tant bien que mal de s’entraider en se partageant eau et nourriture, ainsi que des billets d’euros, voire les cartes de crédit personnelles, pour contacter et rassurer familles et amis, surtout à New York.
L’unique personne qui a volé au secours des passagers était un jeune marocain résidant dans l’archipel, Mr. Jawad El Ouazzani, qui, informé de l’incident, s’est porté volontaire pour servir d’interprète auprès des autorités de l’aéroport et assister les passagers. Il a réussi à convaincre la gérante de la cafétéria d’accepter de se faire payer en dollar pour faire face à la faim et à la soif des passagers. Il n’a pas hésité à distribuer lui-même de l’eau aux enfants en bas âge, aux personnes âgées et autres passagers, dont certains souffraient d’hypoglycémie et de déshydratation. Lorsqu’une fille sénégalaise non accompagnée, âgée d’environ 12 ans, a été victime d’un malaise et que les services d’urgence s’apprêtaient à la faire hospitaliser, un membre de l’équipage a refusé de l’accompagner en déclarant qu’il « ne pouvait assumer aucune responsabilité ». En revanche, le jeune volontaire est resté au service des passagers de dimanche 17h30 à jusqu’à environ 3 heures matin.
Alors que l’équipage de la RAM a regagné en entier l’hôtel vers 22h45, ce n’est que vers minuit que les passagers ont été informés qu’ils allaient passer la « nuit » à l’hôtel, qu’ils devaient ensuite quitter à 5 heures du matin puisque le vol était annoncé à 7 heures. La tâche fut particulièrement lente et pénible pour les plus de cent passagers, Marocains et Africains pour la plupart, qui avaient besoin d’un visa de transit. Ces derniers n’ont pu regagner l’hôtel que vers 3 heures du matin pour le quitter deux heures plus tard. Lundi matin, de nouveau parqués dans une salle d’attente dès 6 heures, les passagers y sont restés jusqu’à 11 heures sans petit déjeuner, information ni assistance et dans l’absence de tout contact avec le personnel de la RAM. Ce n’est que vers midi qu’un avion Boeing 767 300 en meilleur état a décollé de l’île Terceira à destination de New York sans qu’aucune explication, et encore moins des excuses, n’aient été présentées. Entre temps, de nombreuses familles tentaient de s’informer sur le sort de leurs proches pour se heurter à l’absence d’information de la part du personnel de la RAM à New York et ailleurs.
Les passagers du Vol AT0200 du 20 janvier 2008 sont convaincus que ce calvaire, et ses conséquences sur leurs états physique et moral et leurs engagements personnels et professionnels, n’aurait pas eu lieu si l’état de l’appareil Boeing 767 300, que de nombreux passagers n’hésitent pas à qualifier de « cercueil volant », n’avait pas été aussi délabré. Les sièges de cet appareil trop usés ne tenaient pas en position droite comme l’exigent les normes de sécurité aériennes, certaines parties du toit sont fissurées, au moins deux cabines fermées avec du scotch, quelques toilettes mal équipées, jusqu’à l’image brouillée du grand écran dont les lignes n’ont cessé de se chevaucher lors de la projection du film.
Par conséquent, le Comité des passagers du Vol AT0200, ayant miraculeusement survécu à un grave accident qui aurait pu coûter la vie à tous les passagers ainsi que l’équipage, vous informe de sa décision d’intenter une poursuite judiciaire contre la Royal Air Maroc pour revendiquer, entre autres, une évaluation technique externe et immédiate de l’aptitude de l’appareil Boeing 767 300 (Ref. : RMO), à effectuer un vol long courrier tel que Casa -New York - Montréal.
Dr. Aicha Elbasri
Présidente du Comité des Passagers du Vol AT0200 du 20 janvier 2008
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