"La coalition pour la démocratie", composée du Rassemblement National des Indépendants (RNI), de l’Union constitutionnelle (UC), du Mouvement populaire (MP), du Parti authenticité et modernité (PAM), du Parti socialiste (PS), du Parti de la gauche verte (PGV), du Parti travailliste (PT) et du Parti annahda wa al fadila, formée le 5 octobre dernier et dont l’objectif est d’isoler le PJD et de conforter les chances de Salahdine Mezouar dans sa course à la primature, serait un pur calcul électoraliste.
Pourtant cette thèse est écartée par le secrétaire général du PAM, Mohamed Cheikh Biadillah, estimant qu’il s’agit plutôt d’une "volonté de clarification du champ politique" même si "le PJD se sent visé", rapporte Jeune Afrique.
Mezouar lui, convaincu que le scénario des élections de 2007 se reproduira le 25 novembre prochain, est confiant. Le ministre des Finances semble oublier que les islamistes, donnés gagnants lors des législatives de 2007, avaient toutes les chances d’entrer au gouvernement puisqu’ils étaient arrivés premiers en termes de voix. C’est uniquement en raison de "l’ingénierie électorale’’ de l’époque qu’il avaient été écartés.
Aujourd’hui, avec la "batterie de lois organiques prévues par la nouvelle constitution" la donne a changé et le PJD pourrait être le principal acteur de l’échiquier politique marocain. Le politologue Mohamed Tozy, cité par Jeune Afrique, avance même que "personne n’est hostile à l’entrée de ce parti au gouvernement" tant qu’il n’a pas le monopole sur certains dossiers chauds.
Principal parti d’opposition depuis 2007, le PJD dérange, inquiète et divise. Pourtant Abdelilah Benkirane affirme que "l’unique ambition de son parti est d’avoir un chef de gouvernement fort et crédible". Le secrétaire général du PJD lance le défi de se battre "programme contre programme contre de véritables partis, mais pas contre les fantômes", allusion faite au Parti Authenticité et Modernité (PAM). Benkirane promet également que si le PJD gagne les élections mais n’arrive pas à former une majorité, le parti ne protestera pas et "donnera les clés du gouvernement au Roi".
Mustapha Ramid, turbulent membre du PJD, a affirmé pour sa part au quotidien Akhbar Al Yaoum que sa formation politique remportera les prochaines élections si celles-ci sont libres et transparentes. Cette déclaration n’a d’ailleurs pas été appréciée par le gouvernement qui a rappelé le PJD à l’ordre.
En dehors de la coalition pour la démocratie, seul le parti de l’Istiqlal semble un adversaire de taille pour le PJD et pourrait bien produire la surprise en gagnant les élections et en formant une majorité avec ses partenaires de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS).
Ces calculs électoralistes sont toutefois remis en question par un sondage d’opinion du think thank européen "Thomas More" et du cabinet "Tendances Institut", qui explique que les partis politiques marocains pourraient fort bien faire les frais d’un "éclatement de l’opinion et de sa fragmentation". Cette éventualité mènerait à un scénario identique à celui des élections de 2007, avec un taux de participation des plus faibles.