"Avant, il fallait attendre son tour pour avoir une table", raconte à l’AFP Bachir, serveur dans un café. La grande terrasse de cet établissement situé en plein cœur de la célèbre place Jamaa El Fna, symbole de la ville ocre est devenue déserte. "C’est la première fois que je vois Jamaa El Fna aussi vide, cela me rend triste", renchérit Mohamed Bassir, marchand de jus d’orange.
Plus de charmeurs de serpents, de musiciens de rue, de marchands de souvenirs et de diseuses de bonne aventure à cette célèbre place. Depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire mi-mars, les activités tournent au ralenti. "Les commerçants ont pour la plupart fermé boutique, les autres ouvrent pour tuer le temps car il n’y a rien à faire à la maison", affirme Mohamed Challah dans sa boutique de caftans. Tout comme bon nombre de commerçants, cet homme "ne vend plus rien".
Alors que les commerçants et les opérateurs touristiques comptaient se faire une bonne santé financière après la sortie du confinement en juillet, leurs espoirs ont été douchés. Les autorités ont interdit les déplacements de et vers huit villes dont Marrakech fin juillet. En conséquence, "des hôtels ont fermé, des milliers d’employés se sont retrouvés au chômage et toute la ville est désormais à l’arrêt", confie un consultant en tourisme.
Face à la situation, les professionnels du secteur ont organisé plusieurs sit-in. Ils dépeignent leur situation avec des mots écrits sur une banderole : "Le coronavirus n’aura pas le temps de nous tuer, la faim s’en chargera avant". En attendant un retour à la normale, le hashtag "Marrakech étouffe" a été lancé sur les réseaux sociaux avec des photos de patients qui dorment à même le sol du principal hôpital de la capitale touristique.