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Photo : Sud Ouest
La Fondation Abbé Pierre, La France insoumise, des associations La Crise et Ruelle apportent leur soutien à neuf Marocains (une travailleuse et des travailleurs) victimes d’« esclavage moderne » en Dordogne, où ils travaillent pour un entrepreneur viticole dans de mauvaises conditions de vie et de travail sans être payés.
Ces travailleurs sont tous issus de la même famille. Ils avaient quitté Sidi Kacem, Kénitra ou Béni Mellal pour rejoindre la France. Parmi eux, sept ont signé un CDD de quatre mois avec l’employeur – un entrepreneur viticole – depuis août 2022 et ont obtenu un titre de séjour pour travailler sur le territoire français. Le patron les envoyait dans des domaines viticoles de la région. « Tous les châteaux du coin me connaissent, assure à Sud Ouest Ahmed, 50 ans. J’ai travaillé dans au moins cinq ou six d’entre eux. »
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Ces neuf travailleurs ont expliqué à une vingtaine, des militants Insoumis et des membres d’associations locales, ayant répondu à l’appel de Christophe Delgado, de l’association Cœur de bastide qu’ils n’ont été payés qu’un mois – environ 1 500 euros chacun – sur les quatre. Il n’y aurait pas un contrat de travail liant deux d’entre eux à l’entrepreneur viticole. Ils se rendent chez l’employeur résidant à Lamothe-Montravel, pour réclamer leur dû chez leur employeur, résidant à Lamothe-Montravel. Ils affirment avoir été menacés de mort et mis en joue avec un fusil par le fils de ce dernier. Jeudi, une plainte pour menaces de mort a été déposée à la gendarmerie, en compagnie de l’association Cœur de bastide.
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L’association et la vingtaine de militants Insoumis et des membres d’associations locales ont pu constater les conditions indignes dans lesquelles ils ont été logés. « Des conditions sanitaires et de confort qui évoquent plutôt un pays en guerre. » Des bungalows de chantier posés là dans un équilibre précaire et sans aucun confort. « Il a fini pas pleuvoir à l’intérieur et avec le froid en plus, il [NDLR : l’employeur] nous a dit qu’on pouvait s’installer dans la maison d’à côté si on faisait les travaux nous-mêmes », explique Ahmed. La « maison », réhabilitée ne leur offre pas de conditions meilleures. L’électricité arrive directement d’un raccord sauvage au pylône le plus proche. Pour les militants, ce n’est ni plus ni moins un « esclavage moderne. »
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Ensemble, la Fondation Abbé Pierre, La France insoumise, des associations La Crise et Ruelle s’engagent à sortir ces neufs Marocains de cette situation avant l’expiration de leur titre de séjour. Une cagnotte d’urgence a été lancée afin de mobiliser des fonds devant servir à les nourrir les prochains jours.
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