Les Marocains boudent le français

5 novembre 2021 - 11h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

Le Maroc est devenu une destination privilégiée des établissements anglais et américains qui ouvrent leurs portes avec de nombreux avantages. Tout doucement la langue de Shakespeare est en train de détrôner celle de Molière.

Une étude menée par le British Council fait savoir que 40 % des jeunes marocains considèrent qu’il est plus important d’apprendre l’anglais que le français. Seulement 10 % d’entre eux penchent pour la nécessité d’apprendre le français. Ceux qui militent en faveur de l’anglais estiment que cette langue est un vecteur d’éducation, d’emploi et d’ouverture au monde, rapporte Jeune Afrique.

À lire : Maroc : appel au remplacement du français par l’anglais

Khalil a 21 ans, et est étudiant en 4ᵉ année à la University College de Londres. Pour lui, le choix était évident, même s’il a passé sa scolarité à la mission française au Maroc. Comme lui, de nombreux étudiants préfèrent poursuivre leurs études dans un pays anglo-saxon, plutôt qu’en France. Pour Sara Mejdoubi, chercheuse et directrice du Pôle Langues, Cultures et Civilisations de l’Université internationale de Rabat, « toute stratégie linguistique reflète la vision d’un pays ».

À lire : Maroc : des cours d’anglais à la radio

L’ancien diplomate Ahmed Faouzi est du même avis. Il soutient qu’une langue « ne sert pas seulement qu’à communiquer. C’est aussi un marqueur identitaire et un vecteur idéologique. La puissance de la langue anglaise, comme les autres langues par le passé, traduit le rapport de force entre les nations, lequel est aujourd’hui en faveur de l’axe anglo-américain », écrivait-il dans une chronique parue dans Medias24.

À lire : L’engouement des Marocains pour l’anglais ne se dément pas

En s’imposant dans le monde comme une langue privilégiée pour les négociations, le commerce et depuis quelque temps pour l’enseignement et la recherche, l’anglais est devenu une langue incontournable au Maroc, surtout que le royaume aspire à se hisser sur le toit du monde en termes de développement.

À lire : Maroc : découvrez comment Wissal, 10 ans, a appris seule l’anglais

Le français perd du terrain aussi parce qu’il a cessé d’être attractif. Il y a également l’ambiance tendue qui règne depuis quelques années, surtout autour des débats sur l’immigration et l’islam dans l’hexagone. Pour les étudiants marocains dont les parents ont les moyens, étudier au Canada ou en Grande-Bretagne est préférable. Pour Khalil, qui suit un cursus d’ingénierie, la question ne se pose même pas. « Déjà, je peux choisir directement ma spécialisation, sans avoir à attendre la troisième ou quatrième année. Ensuite, nous acquérons les mêmes connaissances que si nous étions en France, mais ici, les professeurs et l’administration sont beaucoup plus accessibles », explique-t-il.

À lire : Compétences en anglais : voici la place du Maroc

Malgré ce remplacement progressif du français par l’anglais, Ahmed Faouzi reste convaincu que le français ne pourrait pas disparaître. « Le français fait partie de notre patrimoine, de notre conscient et de notre subconscient ». Il indique également que « les Marocains ont toujours baigné dans un environnement plurilinguistique. Entre l’arabe et le français pratiqués par une large partie de la population, l’espagnol parlé dans les provinces du Nord, sans compter les différents dialectes comme le Berbère, le Maroc s’est construit autour d’une identité linguistique hétéroclite ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Education - Formation

Aller plus loin

Au Maroc, on apprend l’anglais à la radio

Le ministère de l’Éducation nationale, la Société nationale de radio et de télévision et le British Council renforcent leur coopération dans le domaine de l’apprentissage de la...

L’engouement des Marocains pour l’anglais ne se dément pas

Le Maroc enregistre la montée en force de l’anglais, avec sa prédominance dans des secteurs économiques clés tels que le commerce et le tourisme. Le phénomène est très prononcé...

Les Marocains délaissent le français pour l’anglais

L’anglais pourrait supplanter le français comme première langue étrangère au Maroc. C’est ce que révèle une enquête réalisée par le British Council.

Maroc : appel au remplacement du français par l’anglais

Bon nombre de Marocains appellent au remplacement du français par l’anglais comme première langue étrangère du pays en raison de son importance et de son utilisation dans les...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

Au Maroc, la santé des élèves menacée

Au Maroc, des associations de protection des consommateurs ont lancé un appel aux autorités compétentes afin qu’elles renforcent les contrôles en ce qui concerne la qualité des fournitures scolaires en cette période de reprise des classes. Objectif,...

L’arabe obligatoire dans une école en Belgique

Un établissement catholique flamand propose un cours d’arabe obligatoire à ses élèves de dernière année, une initiative inédite en Belgique.

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Maroc : cette violence qui interpelle

La parlementaire Nadia Bouzendoufa, du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale sur sa stratégie visant à réviser la circulaire ministérielle n° 14/867 et à adopter des mesures...

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

Au Maroc, les élèves fêtent la fin d’année scolaire en déchirant leurs cahiers

Au Maroc, des scènes des élèves déchirant leurs cahiers et livres pour annoncer la fin de l’année scolaire, se sont reproduites.