Le Maroc, pays à éviter pour les homosexuels
Le magazine Forbes a indiqué, dans un rapport mis en ligne le mardi 23 mars, que le Maroc n’est pas une destination sûre pour les membres de la communauté LGBTQ.
Ryan (nom d’emprunt) a caché depuis des années son homosexualité au Maroc, de peur de subir des discriminations ou des menaces. Il fait partie des quelque 1 000 migrants qui sont entrés en masse à Ceuta les 17 et 18 mai. La semaine dernière, il s’est rendu au bureau d’asile de la ville autonome pour demander une protection internationale.
Ryan, 21 ans, a fui le Maroc où l’homosexualité est punie par la loi pour venir à Ceuta. Il a suivi le mouvement de nombreux jeunes qui se dirigeaient vers la frontière le 17 mai. « Je n’y ai pas pensé à deux fois. J’ai donné mon portable et mes clés à mon seul ami, je lui ai demandé de me les garder. Et je suis parti », explique Ryan. Un mois après son arrivée dans la ville autonome, et après avoir passé plusieurs semaines dans la rue, il a fini par révéler son orientation sexuelle et demander l’asile.
« Je me suis senti très à l’aise de pouvoir dire ce que je suis. Dans mon pays, je ne peux pas m’exprimer comme ça. », raconte Ryan, tout ému. Mais la peur d’être victime d’agression ne le quitte pas. « Dehors, il y a des Marocains avec qui je dors, et je pense qu’ils se méfient de qui je suis. J’ai peur qu’ils me fassent quelque chose », craint le jeune homme originaire de Fnideq qui s’est confié à El Diario.
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Andalucía Acoge a inscrit son nom sur une liste de personnes vulnérables (femmes, enfants, malades, etc.) envoyée à la délégation du gouvernement cette semaine, afin que le ministère de l’Inclusion, de la sécurité sociale et des migrations accepte son entrée dans un Centre de séjour temporaire des migrants (CETI). Son cas a également été notifié au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Ryan attend toujours son intégration au CETI. Mais d’après le Médiateur et la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR), ces centres ne conviennent pas aux demandeurs d’asile LGTBI, étant donné que leurs cas nécessitent des soins spécialisés. « Le fait d’appartenir au collectif LGTBI est à lui seul une cause de vulnérabilité et leur transfert doit être prioritaire et leurs besoins particuliers d’accueil doivent être garantis, en particulier si les personnes concernées affirment qu’elles subissent des humiliations ou des insultes », avait recommandé le Médiateur en 2017. « Depuis quelques années, des situations de demandeurs d’asile LGTBI victimes d’agressions dans les CETI se sont multipliées… De même, l’asile accordé aux demandeurs en raison de leur orientation sexuelle a augmenté », précise Paloma Favieres, avocate du CEAR, lors de la présentation du rapport annuel de l’organisation.
« Je veux vivre dans un endroit où personne ne me pointe du doigt pour qui je suis. Je veux juste me sentir libre, qu’on ne me regarde pas comme si j’étais un insecte à écraser, que je puisse prendre un café avec un ami et parler librement de ce que j’aime. Faire ma vie », déclare Ryan qui espère que sa demande d’asile va aboutir.
Aller plus loin
Le magazine Forbes a indiqué, dans un rapport mis en ligne le mardi 23 mars, que le Maroc n’est pas une destination sûre pour les membres de la communauté LGBTQ.
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