Champion africain des énergies renouvelables, le Maroc ambitionne d’être l’un des principaux exportateurs de l’hydrogène vert vers l’Europe, écrit le journal Le Soir. Selon sa feuille de route publiée en 2021, le royaume prévoit d’investir plus de 8 milliards d’euros à l’horizon 2030 et jusqu’à environ 68 milliards d’euros en 2050 pour mettre en place l’écosystème. « L’avantage compétitif (du Maroc, NDLR) en ce qui concerne les énergies renouvelables, parmi les plus abondantes et les moins chères du monde, culminera avec le développement de la filière hydrogène vert », expliquait le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, au Forum de Davos en Suisse le 18 janvier.
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À fin 2021, le Maroc disposait d’environ 4 050 mégawatts d’énergie renouvelable, soit 37,7 % de son mix énergétique, et ambitionne d’atteindre 52 % d’ici 2030. « Nous avons un recul de plus de dix ans sur les énergies renouvelables. Il ne s’agit pas uniquement d’installation d’éoliennes ou de panneaux solaires, mais aussi au niveau du foncier, de la réglementation ou encore du réseau », détaille Mohamed Yahya Zniber, président du Cluster Green H2, qui estime que cette base est « importante pour pouvoir aller relativement vite dans le développement de l’hydrogène ».
Le Maroc et l’UE ont signé le 18 octobre dernier un « partenariat vert », marquant le début d’une coopération énergétique inédite. Le 21 octobre, l’Allemagne annonçait déjà l’octroi d’une aide de 38 millions d’euros au Maroc pour la construction d’une première usine d’hydrogène vert en Afrique. Le Maroc prévoit de capter jusqu’à 4 % de la demande mondiale d’ici 2050, mais doit encore face à plusieurs contraintes, dont ses importations importantes en énergie fossile, lesquelles occupent plus de 75 % de sa consommation énergétique. « Demain, il faut que l’on puisse disposer de toute la chimie en aval pour produire de l’ammoniac vert ou du méthanol auxquels nous n’avions jusque-là pas accès », soutient Mohamed Yahya Zniber.
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Depuis 2021, le groupe marocain OCP développe une usine-pilote de production d’ammoniac vert sur son site de Jorf Lasfar, près de Safi. Mais les coûts de production de l’hydrogène vert sont encore élevés. Cela n’empêche pas les investisseurs de s’intéresser à ce secteur prometteur au Maroc. Le Belge John Cockrill a annoncé le 5 janvier son intention de construire une usine de fabrication d’électrolyseurs alcalins, en partenariat avec une entreprise marocaine. Moundir Zniber, président de Gaia Energy, a aussi signé en novembre un accord avec l’Israélien H2Pro pour la production d’électrolyseurs de grande capacité au Maroc.
Par ailleurs, la production d’hydrogène vert est susceptible d’accentuer le stress hydrique du Maroc qui traverse la pire période de sécheresse qu’il ait connu depuis 30 ans. Pour pallier cette situation, le Maroc envisage la construction, d’ici 2030, d’une vingtaine d’usines de dessalement d’eau de mer dont 9 sont déjà opérationnelles et représentent seulement 3 % du volume de production nationale. Reste aussi la question du transport du combustible qui devrait nécessiter une réhabilitation des infrastructures portuaires et même la réouverture du gazoduc Maghreb-Europe.