Investissements : Marrakech pulvérise tous les records

31 janvier 2007 - 21h09 - Economie - Ecrit par : L.A

Décidément, et cela ne surprend plus personne, Marrakech bat tous les records en matière d’investissements. En 2006, la ville a pulvérisé celui réalisé en 2005 grâce à des engagements colossaux qui ont frôlé les 80 milliards de DH. Une augmentation de 84%, soit presque le double de ce qui a été annoncé en 2005 (44 milliards de DH). A noter que dans ce montant n’est pas inclus l’investissement annoncé par Tritel pour des studios cinématographiques d’une enveloppe de 12 milliards de DH.

Au total, 669 projets ont reçu un avis favorable. Bien entendu, c’est le tourisme qui dope ces montants avec une hausse de 91% par rapport à l’année précédente. A lui seul, le secteur représente plus de 68 milliards de DH, avec 40.000 emplois à créer. Résidences touristiques, hôtels et lieux de loisirs et de détente (golf, spa) constituent les principaux chantiers lancés dans la ville ocre. Dans ces projets, la composante résidentielle est bien présente. « C’est elle qui va générer du « cash » pour viabiliser les programmes », explique Abderrazak Moumni, directeur du Centre régional d’investissement (CRI) de Marrakech.

Les promoteurs marocains (à l’instar d’Atlas Hospitality avec 750 millions de DH pour 3 hôtels ou encore Abdelali Chaoui pour près de 300 millions de DH) représentent près de 40% des 79 milliards de DH. Quant aux projets émiratis annoncés au cours de 2006, ils totaliseront 32% des investissements futurs. Enfin, les sociétés du Bahreïn se sont engagées à investir plus de 16 milliards de DH. Du côté européen, la France demeure le principal investisseur avec un montant global de 1,5 milliard de DH annoncé l’année dernière.
Les professionnels et les autorités locales se frottent les mains.

« Marrakech continue d’être perçue comme une destination de confiance », se réjouit le wali de Marrakech-Tensift-Haouz, Mounir Chraïbi. D’autant plus que le montant des investissements pour certains projets dépasse les 6 milliards de DH (plus que ne réalise une ville de taille moyenne). La plupart ont d’ailleurs fait l’objet de conventions conclues avec le gouvernement marocain. Ainsi, pour 2006, sept contrats ont été conclus entre l’Etat et des investisseurs étrangers. Parmi eux, Gulf Finance House (GFH), une des principales banques d’investissements islamiques du Bahreïn. A Marrakech, celle-ci prévoit la construction du « Royal Ranches Marrakech », un complexe dédié aux sports hippiques (cf.www.leconomiste.com).

« Le choix pour le Maroc n’est pas fortuit et dénote de l’excellent rendement de l’économie locale, en plus des atouts naturels du pays », confiait récemment Essam Janahi, le PDG de GFH, à L’Economiste. D’une superficie totale de 380 hectares, la cité équestre de Marrakech se présente comme un complexe à usage mixte sportif, de loisirs et résidentiel. Le projet prévoit aussi la construction d’un hippodrome de classe mondiale avec des installations vétérinaires, des écuries modernes et des tribunes exceptionnelles. Dans la foulée, GFH s’est engagée également sur des projets dans la ville de Tanger. Au total et pour le tout, l’investisseur mise 1,4 milliard de dollars (aux alentours de 14 milliards de DH).

Autre complexe touristique annoncé en 2006 et qui a fait l’objet d’une convention avec l’Etat marocain, celui de la construction d’un Beachcomber dans le Haouz, à Tamesloht plus précisément. Un projet initié par le groupe mauricien New Mauritius Hotel Limited (NMH) en partenariat avec le groupe CSD/Frenton. Ces derniers ont créé la société Domaine Palm Marrakech, pour la construction d’un complexe sis sur 250 hectares et un investissement de 1,8 milliard de DH avec la création à terme de 5.300 lits. Enfin, un mémorandum d’entente a été signé entre le Maroc et la société Atlas Garden, concernant un projet dont les promoteurs sont des investisseurs d’Abu Dhabi (des héritiers du cheikh Zayed, selon des sources proches du dossier).

Annoncée aussi, une station de sport d’hiver à l’Oukaïmeden pour quelque 14 milliards de DH. Une convention a été signée dans ce sens avec la société Emaar. Il s’agit ici de l’édification d’un site touristique gigantesque dans l’unique station de ski d’Afrique, sise à 70 kilomètres de Marrakech dans les montagnes du Jbel Toubkal. 11 hôtels, un golf à 3.000 m de hauteur ainsi qu’un complexe résidentiel sont prévus. Le tout occupera une superficie de 600 hectares.

Nul ne le conteste. La tendance est plus que jamais à la hausse. Et tout porte à croire que cela va durer au moins quatre ans. Les stars du show-biz, du cinéma, les personnalités du monde politique et économique, les investisseurs de tous bords contribuent au succès de la destination. Mais il faut pérenniser cette embellie, il serait temps de lever les obstacles liés à la complexité et la diversité des statuts juridiques des terres domaniales et des terrains-coopératives.

Création d’entreprises en hausse

A Marrakech, les entreprises poussent aussi comme des champignons. Ainsi, le guichet d’aide à la création d’entreprises du CRI de Marrakech a reçu 1.805 demandes de création, soit une hausse de 32% par rapport à l’année dernière.

La répartition sectorielle montre encore une fois que ce sont les secteurs du BTP et du commerce (tout ce qui touche aux activités de l’immobilier et le mobilier) qui sont les plus performants avec respectivement 27% et 22%.

Par ailleurs, le délai de création a été réduit à quelques jours. « Cela est dû aux nouvelles mesures prises pour faciliter les procédures aux nouveaux investisseurs », rappelle le directeur du CRI.

La répartition par forme juridique fait ressortir une nette domination de la Sarl (Société à responsabilité limitée) avec plus de 78%. Cette forme devance les personnes physiques et la société au nom collectif (SNC). A peine 1% de ces entreprises ont opté pour la société anonyme (SA).

L’Economiste - Badra Berrissoule

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Sujets associés : Marrakech - Tourisme - Investissement

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