Au tribunal, Rémi F., 33 ans, Étienne V., 24 ans, et Guillaume D., 32 ans, trois militants identitaires répondaient d’agression sur une mineure survenue en janvier 2018, à Lille. Les deux premiers sont également poursuivis pour "apologie du terrorisme". Six associations dont La Licra, SOS Racisme, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) se sont constituées partie civile dans cette affaire. À l’origine de ce procès, la diffusion d’un reportage d’Al-Jazeera tourné en grande partie à La Citadelle, un bar fréquenté par la section lilloise de Génération identitaire.
Libération décrit les scènes. Rémi F. a évoqué un carnage à la voiture-bélier au marché de Wazemmes. "C’est là où tous les "gnoules" de Lille vont. Je laisserai ma carte d’identité sur la banquette comme font les djihadistes et bam, à fond de cinquième ! Pour peu que je ne meure pas pendant le carnage, j’en referai un autre", a-t-il dit. À la barre, il dit qu’il était complètement en état d’ébriété : "Je voulais me faire mousser". Le jeune identitaire est également impliqué dans l’agression en réunion d’une jeune fille de 14 ans.
Étienne V., lui, est une connaissance de bar. Il boit des coups dans ce quartier. "Heil Hitler !", lâche Étienne V. lorsqu’il voyait les deux habitués de La Citadelle arriver. "J’ai honte de mes propos. L’alcool ne justifie pas tout. Je suis un fanfaron. Je ne cautionne pas du tout ces propos", se défend-il. Mais le président du tribunal lui rappelle : "Supposons que pour vous, c’est de la provocation, il y a quand même un moment où vous trinquez au Troisième Reich".
Une autre scène : deux filles et deux garçons, tous d’origine maghrébine, se dirigent vers Etienne V. et lui demandent une cigarette. Il refuse. "Ils ne tiennent même plus debout", se moque leur future victime. Les esprits s’échauffent. Gazeuse à la main, Guillaume D., videur d’un bar voisin, également ancien membre de Génération identitaire tente de calmer les esprits. Dans son dos, Étienne V. assène un coup à l’un des garçons, qui réplique. Puis, Guillaume D. asperge la jeune fille de lacrymo pour "remettre une distance de sécurité". Étienne V. la pousse. "Sur La Mecque, ne me tape pas !", réagit l’adolescente. "Quoi La Mecque ? F**k La Mecque !", s’enflamme Rémi F. avant d’enchaîner les coups de poing.
Les accusés affirment ne plus appartenir à la mouvance identitaire. La procureure requiert cinq mois de prison avec sursis probatoire contre Rémi F. et Étienne V., et trois mois avec sursis probatoire contre le vigile Guillaume D. ainsi que des amendes. Le verdict sera prononcé le 15 décembre prochain.