Accusés lors du procès de la Brigade d’Al Andalous (EFE)
Oialae Chergui, 34 ans, prisonnier djihadiste, a profité d’une permission de sortie de prison de quatre heures pour participer à cette rencontre. Il avait été arrêté pour son appartenance au groupe terroriste Al Andalus, démantelé par la police espagnole en 2016. Après plus de six ans de prison, il confie dans une lettre que son arrestation lui a évité de « faire des folies » et veut être un exemple de repentir. La lettre a été lue en sa présence par un étudiant en criminologie de l’université Francisco de Vitoria devant une assistance composée d’étudiants âgés de 18 à 22 ans.
Le témoignage de ce terroriste condamné s’inscrit dans le cadre d’une conférence sur la justice réparatrice et la déradicalisation des terroristes. « J’ai passé cinq ans à l’isolement dans la prison de Villabona. Aujourd’hui, j’ai obtenu une permission de quatre heures pour venir ici. Je voudrais oser lire cette lettre que j’ai écrite pour vous, jeunes universitaires, mais cela m’est impossible », a déclaré Oialae Chergui. Dans sa décision de 2017, la Cour suprême a indiqué que Chergui faisait partie d’un « réseau basé à Madrid, qui s’activait dans le recrutement, la radicalisation, l’endoctrinement et l’envoi de volontaires djihadistes pour mener des actes terroristes ».
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« Je suis arrivé légalement en Espagne en 2002 avec mes parents. Mes parents sont retournés au Maroc et je suis resté ici avec de la famille dans le but d’étudier. Je n’ai pas pu le faire, je n’ai pas pu renouveler ma carte de séjour, ce qui m’a obligé à abandonner mes études et à commencer à aller devant les tribunaux, à chercher des emplois précaires et à fréquenter des personnes ayant une influence négative. Malgré cette vie en dents de scie, je me suis mariée en 2010 et j’ai trois enfants », raconte-t-il aux étudiants, précisant que sa motivation à rejoindre l’État islamique était « politique et non religieuse. Elle est née d’un sentiment d’injustice », allusion faite au printemps arabe.
Oialae Chergui dit « regretter profondément » et avoir « honte d’avoir collaboré avec une organisation terroriste ». Il a commencé à s’endoctriner avec des « informations provenant d’Al Jazeera, des réseaux et de ses amis ». « Mon manque de préparation académique et mon intolérance ne me permettaient pas de distinguer ce que je voyais, lisais ou entendais. […] J’ai commencé à faire des choses qui ne correspondaient pas à ma morale, mais que tout le monde faisait, ou du moins c’est ce que je pensais », détaille-t-il. Et de souligner : « Mon but était d’aller en Syrie pour lutter contre les dictateurs mis en place par l’Occident. La détention m’a sauvé de la lutte armée et de je ne sais quoi d’autre ».
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Le jeune homme a suivi un long processus d’introspection, de réflexion autocritique, et participé à des ateliers de justice réparatrice avant de pouvoir se libérer. La lecture et l’humanisme de certaines personnes rencontrées en prison ont aussi beaucoup contribué à son changement de mentalité et de perception de la vie. « Aujourd’hui, je condamne le terrorisme… Je suis convaincu que le terrorisme n’a pas de religion ni de frontière. Je m’excuse si j’ai causé un préjudice moral à qui que ce soit et je promets de ne plus le faire. Je veux que ce cauchemar que j’ai commencé il y a de nombreuses années prenne fin », a-t-il conclu.