Douha Mounib, itinéraire d’une djihadiste

28 février 2023 - 10h10 - France - Ecrit par : P. A

Le procès de Douha Mounib, une sage-femme revenue de la Syrie où elle a servi sous le califat de Daech, s’est ouvert lundi 27 février devant les assises spéciales de Paris. Elle avait tenté de s’évader de la prison de Fresnes.

À ce premier jour d’audience, le président de la cour d’assises énonce les faits reprochés à Douha Mounib. Inculpée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, pour avoir séjourné en Syrie et en Irak et servi l’État islamique (Daech), la jeune femme de 32 ans encourt une peine de trente ans de réclusion criminelle. Douha Mounib est née à Nîmes et a résidé à Montpellier jusqu’à ses vingt-deux ans, âge à partir duquel elle a commencé à s’intéresser à l’islam et à se radicaliser à travers des recherches sur Internet.

Dans ce processus d’auto-endoctrinement, la jeune femme a abandonné ses études de sage-femme, qu’elle trouvait incompatible avec sa vision de l’islam, et a décidé d’émigrer au Maroc où vivaient ses grands-parents paternels, avant de se rendre en Syrie en 2013, avec un professeur de sport turc dont elle devient l’épouse et ils vivent ensemble quelques mois à Raqqa. Puis, elle tombe enceinte et revient en France en 2014 en raison de complications de la grossesse. Elle accouche en mai d’un petit garçon qui rendit l’âme peu après sa naissance, rapporte Radio France.

À lire : Une djihadiste marocaine « repentie » devant les assises de Paris

Après ce drame, Douha Mounib tente de retourner en Syrie. Refoulée en Turquie, elle finit par s’installer en Mauritanie où elle tente à nouveau sa chance en passant par le Maroc. Sans succès. Elle revient en France où elle épouse un deuxième mari, un Tunisien rencontré sur internet. En février 2015, le couple s’installe sous le califat de Daech. En 2016, elle informe son père qu’elle se trouve dans un village tout près de Mossoul, ville irakienne conquise par Daech. Mais elle rejoint Raqqa où elle aurait intégré une madafa à l’été 2015, assure l’accusation.

Entre juillet 2015 et mars 2016, Douha Mounib a fait de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, dont un poème faisant l’éloge de la mort en martyr. Elle confiait à sa mère qu’elle « avait pour projet d’ouvrir une maison de santé pour aider les futures mamans. Elle avait déjà acheté du matériel pour cela » et qu’elle avait également un fusil « au cas où elle aurait un problème un jour ». À la barre lundi, la mère, âgée de 55 ans, raconte qu’elle a quitté le domicile familial quand Douha avait 10 ans. L’adolescente a donc vécu avec son père et sa belle-mère. Pour son père, sa fille est « franche » et « honnête ».

À lire : Espagne : les femmes de djihadistes à rapatrier de Syrie pourraient se retrouver en prison

« Mis à part quelques détails, je reconnais la globalité de ce que vous venez de lire, ça fait partie de mon passé, j’essaie d’avancer. Ce que vous avez lu, je le connais par cœur. En cinq ans, j’ai beaucoup réfléchi à tout ce qui s’est passé, au mécanisme. C’est un long travail que j’ai fait sur moi et que je continue à faire. Je réalise que j’ai fait tout ça, mais ça me paraît énorme pour mes épaules. Je me rends compte que je me suis mise en difficulté et que j’ai mis des personnes en danger », a déclaré Douha Mounib depuis son box. Son avocat, Me Joseph Hazan, assure de sa sincérité et qu’elle s’est repentie. Le procès prend fin mercredi.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Terrorisme - Procès - Femme marocaine - Etat islamique - Daech

Aller plus loin

Aïcha El Wafi : une vie chaotique et un fils terroriste

Aïcha El Wafi est la mère de Zacarias Moussaoui, condamné à perpétuité en 2006 pour son implication dans la préparation des attentats du 11 septembre 2001. La mère meurtrie ne...

Une djihadiste marocaine « repentie » devant les assises de Paris

Une Marocaine arrêtée en Turquie puis expulsée vers la France sera jugée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2013 et 2017, pour deux séjours en Syrie et...

Espagne : procès d’un imam marocain accusé d’endoctrinement djihadiste

Le procès de Mohamed C., imam marocain de la mosquée Herrera à San Sebastián, dans le nord de l’Espagne, accusé d’endoctrinement djihadiste sur des jeunes et l’un de ses fils...

La djihadiste Douha Mounib condamnée pour tentative d’évasion

La djihadiste marocaine pro-Daech, Douha Mounib, a été condamnée mardi par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans et demi de prison pour son évasion manquée de la prison...

Ces articles devraient vous intéresser :

Rapport inquiétant sur les violences faites aux femmes marocaines

Au Maroc, les femmes continuent de subir toutes sortes de violence dont les cas enregistrés ne cessent d’augmenter au point d’inquiéter.

L’actrice Malika El Omari en maison de retraite ?

Malika El Omari n’a pas été placée dans une maison de retraite, a affirmé une source proche de l’actrice marocaine, démentant les rumeurs qui ont circulé récemment sur les réseaux sociaux à son sujet.

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Casablanca : du nouveau sur les circonstances du décès de trois femmes enceintes

On en sait un peu plus sur le décès de trois femmes enceintes dans une clinique privée de Casablanca lors de leurs accouchements par césarienne le 8 janvier 2025.

Le séisme au Maroc est une « punition divine »

Des partisans d’Al-Qaïda et de l’État islamique (EI) estiment que le tremblement de terre du 8 septembre au Maroc est une « punition divine ». Sans manquer de critiquer l’aide internationale dont bénéficient les victimes.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des...