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À ce premier jour d’audience, le président de la cour d’assises énonce les faits reprochés à Douha Mounib. Inculpée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, pour avoir séjourné en Syrie et en Irak et servi l’État islamique (Daech), la jeune femme de 32 ans encourt une peine de trente ans de réclusion criminelle. Douha Mounib est née à Nîmes et a résidé à Montpellier jusqu’à ses vingt-deux ans, âge à partir duquel elle a commencé à s’intéresser à l’islam et à se radicaliser à travers des recherches sur Internet.
Dans ce processus d’auto-endoctrinement, la jeune femme a abandonné ses études de sage-femme, qu’elle trouvait incompatible avec sa vision de l’islam, et a décidé d’émigrer au Maroc où vivaient ses grands-parents paternels, avant de se rendre en Syrie en 2013, avec un professeur de sport turc dont elle devient l’épouse et ils vivent ensemble quelques mois à Raqqa. Puis, elle tombe enceinte et revient en France en 2014 en raison de complications de la grossesse. Elle accouche en mai d’un petit garçon qui rendit l’âme peu après sa naissance, rapporte Radio France.
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Après ce drame, Douha Mounib tente de retourner en Syrie. Refoulée en Turquie, elle finit par s’installer en Mauritanie où elle tente à nouveau sa chance en passant par le Maroc. Sans succès. Elle revient en France où elle épouse un deuxième mari, un Tunisien rencontré sur internet. En février 2015, le couple s’installe sous le califat de Daech. En 2016, elle informe son père qu’elle se trouve dans un village tout près de Mossoul, ville irakienne conquise par Daech. Mais elle rejoint Raqqa où elle aurait intégré une madafa à l’été 2015, assure l’accusation.
Entre juillet 2015 et mars 2016, Douha Mounib a fait de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, dont un poème faisant l’éloge de la mort en martyr. Elle confiait à sa mère qu’elle « avait pour projet d’ouvrir une maison de santé pour aider les futures mamans. Elle avait déjà acheté du matériel pour cela » et qu’elle avait également un fusil « au cas où elle aurait un problème un jour ». À la barre lundi, la mère, âgée de 55 ans, raconte qu’elle a quitté le domicile familial quand Douha avait 10 ans. L’adolescente a donc vécu avec son père et sa belle-mère. Pour son père, sa fille est « franche » et « honnête ».
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« Mis à part quelques détails, je reconnais la globalité de ce que vous venez de lire, ça fait partie de mon passé, j’essaie d’avancer. Ce que vous avez lu, je le connais par cœur. En cinq ans, j’ai beaucoup réfléchi à tout ce qui s’est passé, au mécanisme. C’est un long travail que j’ai fait sur moi et que je continue à faire. Je réalise que j’ai fait tout ça, mais ça me paraît énorme pour mes épaules. Je me rends compte que je me suis mise en difficulté et que j’ai mis des personnes en danger », a déclaré Douha Mounib depuis son box. Son avocat, Me Joseph Hazan, assure de sa sincérité et qu’elle s’est repentie. Le procès prend fin mercredi.