Triste illustration d′une réalité marocaine, 20 ans après la découverte du premier cas de sida au Maroc. Certes, si cette intervention vient de la frange la plus extrémiste de notre société, il n′en reste pas moins que beaucoup d′entre nous considèrent - à tort - que le sida est une malédiction divine, venue punir les prostituées et les homosexuels.
Ignorance et désinformation entourent encore largement cette maladie. Et pourtant…1187 cas cumulés ayant développé le sida ont été déclarés au ministère de la Santé. Comparé à l′Afrique noire, ce chiffre peut paraître dérisoire. Pas de quoi se réjouir pour autant. En effet, selon une méthode statistique éprouvée dans le monde entier, le même ministère évaluait en 2001 entre 15.000 et 20.000 séropositifs. Ces porteurs du virus seraient responsables de 5000 nouveaux cas par an. Ce qui nous donne une estimation pour 2003 de l′ordre de 30.000.
Depuis l′an dernier, le ministère de la Santé s′est doté d′un vaste programme national de lutte contre le sida (PNLS), ambitieux selon les professionnels de l′endémie. Le projet intègre les 3 phases indispensables pour endiguer ce fléau : prévention, information et traitements. C′est d′ailleurs ce même PLNS qui a permis au Maroc d′être sélectionné par le Fonds mondial de lutte contre le sida (ONU) et de bénéficier ainsi des financements nécessaires pour concrétiser les différents projets en cours, dont l′accès à la trithérapie, seul moyen aujourd′hui de ne plus mourir du sida. Résultat : tous les malades sont aujourd′hui traités. Il semble donc que la réponse médicale ait été apportée - relativisons tout de même, puisque l′apport du fonds mondial s′arrête dans 2 ans et que beaucoup s′inquiètent des suites à donner - et qu′aujourd′hui d′autres questions se posent : l′intégration sociale des malades, la prévention grand public et l′information à diffuser, encore et toujours… Sur ces points précis, rappelons que seules les associations de terrain les prennent en compte et agissent dans la mesure de leurs maigres moyens. Décideurs de ce pays… à vous le relais.
Ceux qui ont accepté de parler l′ont fait à une seule condition : l′anonymat. La raison est simple, ils ont peur d′être désignés à la vindicte publique. Leurs témoignages transmettent le même message : protégez-vous.
TelQuel