« Les femmes du pavillon J » : une caricature de la femme fragilisée dans la société marocaine

13 mai 2022 - 08h20 - Culture - Ecrit par : G.A

« Les femmes du pavillon J », est le nouveau film portant la signature du cinéaste marocain Mohamed Nadif et qui aborde l’épineuse question des femmes pour qui la vie n’a pas été du tout tendre et qui, devant les difficultés, en viennent parfois à perdre la raison.

« Les femmes du Pavillon J », le deuxième long métrage du cinéaste marocain Mohamed Nadif est une incursion dans le quotidien de trois résidentes d’un pavillon psychiatrique à Casablanca, Amal, Ibtissam et Rim, et de leur infirmière et complice Halima toute aussi fragilisée. Le film est une caricature de la place des femmes dans la société marocaine, surtout celles qui sont brimées, sans défenses, éprouvées par les barrières sociales et la multiplicité des agressions dont elles font l’objet. Et les quatre comédiennes sollicitées par le cinéaste ont joué leur rôle à la perfection. Dans une interview accordée à franceinfo Afrique, Mohamed Nadif est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à poser sa caméra dans un pavillon psychiatrique dédié aux femmes.

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Le cinéaste explique que tout est parti d’une visite rendue à une connaissance internée dans cet hôpital psychiatrique. Il s’y est rendu en compagnie de sa femme Assma El Adrami, co-scénariste du film et en même temps actrice. Dès cet instant, il a compris que c’est un monde à part avec ses réalités. C’est ainsi qu’il s’est documenté sur les différentes maladies mentales, et a décidé avec son épouse de partir de ce lieu particulier pour raconter des histoires des femmes, de faire leurs portraits et à travers leurs histoires, d’évoquer la condition féminine au Maroc.

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Amal, Ibtissam et Rim ont la chance d’avoir à leur disposition, une infirmière devenue par la force de la ressemblance de leurs déboires, une amie sur laquelle elles comptent pour s’en sortir. « Le rôle d’Amal, interprété par la co-scénariste Assma El Hadrami, a été décidé durant l’écriture du film. Pour Jalila Talemsi, qui incarne l’infirmière, j’avais collaboré avec elle sur le film Nomades (2019) en tant que coproducteur. Elle y interprétait le premier rôle et sa façon de travailler m’a séduit. Imane Mechrafi, qui joue Ibtissam, a été retenue après des essais ».

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La plus grosse révélation de ce film est l’actrice Rim Fethi. « Elle a le même prénom que son personnage dans le film par pure coïncidence. Elle est venue aux essais avec la coupe de garçon qu’elle a dans le film. Elle m’avait demandé de lui parler de son personnage et je lui avais dit qu’elle avait des allures de garçon manqué. J’ai trouvé très fort ce qu’elle avait fait pour les essais. Rim Fethi a été géniale et pendant le tournage, elle a été emportée par les autres actrices qui sont un peu plus expérimentées qu’elle ».

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Les héroïnes du Pavillon J représentent plusieurs générations de femmes marquées par divers drames tels que les abus sexuels, les violences physiques, et bien d’autres expériences douloureuses. Mieux, le film met le doigt sur l’importance de consulter un spécialiste lorsqu’on se sent brisé mentalement comme ces quatre actrices du pavillon J. « Aller chez un psy est un phénomène récent au Maroc, même pour la dépression. Pour les gens, quand on parle de psy, c’est qu’on est fou alors que de nombreuses personnes sont dépressives mais qui ne le savent pas ».

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