France : 3 Marocaines parlent de la situation de la femme au Maroc

4 mai 2007 - 14h30 - France - Ecrit par : L.A

Invitées à un débat dans une librairie à Strasbourg, trois Marocaines ont témoigné de leur engagement en faveur de l’égalité des sexes dans leur pays.

Aïcha Ech-Chenna, quand elle vous prend le bras, elle ne vous le lâche plus ! Quand elle a la parole, idem : cette maîtresse femme, à 66 ans, a roulé sa bosse. De son histoire, au Maroc, puis de ses voyages, de ses écrits, de ses récompenses, elle est intarissable. Non pas pour parler d’elle mais de toutes ces femmes marocaines dont elle a croisé les chemins chaotiques et pour lesquelles, à 16 ans, elle s’était juré « de faire quelque chose ».

Prix des droits de l’Homme

Orpheline de père, élevée par sa mère à Marrakech, puis par sa tante à Casablanca, elle a eu « la chance de bénéficier de réseaux de soutien » qui lui ont permis de gravir des échelons. « C’est parce que j’ai eu toutes ces aides que je trouve normal d’aider à mon tour ». Sa rencontre dans les années 90 avec une religieuse française va être le déclic : elle crée en 1985 l’association « Solidarité féminine » pour laquelle le gouvernement français lui décernera le prix des droits de l’Homme. L’association compte aujourd’hui 39 salariés et s’occupe de 50 mères célibataires.

Soutien psychologique, alphabétisation, formation professionnelle (l’association gère une pâtisserie et un spa) : ces jeunes mamans échappent ainsi à un sort dramatique puisque « chez nous, une célibataire avec un enfant ne peut être qu’une prostituée », explique Aïcha.

Les deux autres femmes venues témoigner agissent elles dans la sphère économique. « Sans argent, sans autonomie, point de salut pour la femme ! », disent-elles.

Zakyia Sekkate, 47 ans, célibataire, est à la tête d’une société de 50 salariés, à Tanger. Cette ingénieure chimiste a fondé une entreprise de peinture industrielle en poudre, en 1990 ; elle vient d’essaimer au Qatar. Pour elle, le militantisme passe par l’exemple. « Je veux dire aux femmes de mon pays que tout est possible quand on le veut vraiment. Créer une entreprise, ce n’est pas plus facile pour un homme que pour une femme, c’est une histoire de conviction ».

Intelligence et sens des affaires féminins

Hajbouha Zoubeir, 34 ans, mère de deux enfants, vit à Laâyoune (190 000 habitants), dans le sud marocain. Après avoir créé plusieurs écoles privées, elle met sur pied Pyramis, une sarl spécialisée dans l’artisanat sahraoui, en 2005, et dans la foulée monte l’association marocaine des femmes entrepreneurs pour le développement. Mettant en avant l’intelligence et le sens des affaires féminins, Hajbouha prédit bientôt « une grande révolution des femmes au Sahara ».

En attendant, les femmes françaises vous disent déjà « chapeau bas, mesdames les Marocaines ».

DNA - Véronique Cohu

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Famille - Moudawana (Code de la famille) - Femme marocaine - Alphabétisation

Aller plus loin

« Les femmes du pavillon J » : une caricature de la femme fragilisée dans la société marocaine

« Les femmes du pavillon J », est le nouveau film portant la signature du cinéaste marocain Mohamed Nadif et qui aborde l’épineuse question des femmes pour qui la vie n’a pas...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le roi Mohammed VI ordonne de réformer le Code de la famille

Le roi Mohammed VI fait de la promotion des questions de la femme et de la famille sa priorité. Dans ce sens, il a adressé une correspondance au chef du gouvernement Aziz Akhannouch relative à la révision du Code de la famille.

Tourisme au Maroc : une saison estivale en demi-teinte

À l’heure où les Marocains résidant à l’étranger (MRE) retournent dans leurs pays d’accueil, les familles marocaines rejoignent leurs villes de résidence, pour préparer la rentrée scolaire de leurs enfants, les professionnels du tourisme font le bilan...

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Maroc : il tue son père pour des cigarettes

Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.

Jamel Debbouze déclare sa flamme à Mélissa Theuriau

Jeudi dernier, la journaliste Mélissa Theuriau a fêté ses 46 ans. L’occasion pour son mari, l’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze de lui faire une belle déclaration.

Abdellatif Ouahbi accusé par les salafistes d’atteinte à l’islam

La réforme du Code de la famille passe mal chez les salafistes. Prêcheurs et imams de mosquées sont en colère contre le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi.

Maroc : Les femmes toujours "piégées" malgré des avancées

Le Maroc fait partie des pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui travaillent à mettre fin aux restrictions à la mobilité des femmes, mais certaines pratiques discriminatoires à l’égard des femmes ont encore la peau dure. C’est ce...

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?