Un ancien ministre algérien accuse le Maroc de chantage

17 mars 2024 - 12h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Les avancées diplomatiques du Maroc sur la question du Sahara sont toujours vues d’un mauvais œil en Algérie. L’ancien ministre algérien, Abdelaziz Rahabi, par ailleurs ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, pointe le chantage de Rabat.

« En raison de la position de chantage des États-Unis à travers la reconnaissance d’Israël en échange de la reconnaissance du Maroc sur le Sahara occidental […] cela a donné au Maroc le sentiment que le chantage est possible avec tout le monde, c’est un gros problème », analyse Abdelaziz Rahabi, ancien ministre algérien. Il fait ainsi allusion aux événements qui ont précédé le changement de la position de l’Espagne sur la question du Sahara. En mai 2021, plus de 8000 candidats à l’émigration sont parvenus à entrer par la mer à Ceuta, provoquant une grave crise entre Madrid et Rabat.

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L’Espagne voyait dans cet afflux inédit de migrants un coup de semonce diplomatique du Maroc. Moins d’un mois après, l’Union européenne (UE) a dénoncé le chantage migratoire de Rabat. En mars 2022, Madrid change radicalement de position sur le Sahara occidental. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, avait reconnu le « plan marocain d’autonomie du Sahara Occidental ». Il avait également reconnu la souveraineté du Maroc sur ce territoire, colonisé par l’Espagne jusqu’à 1975. Ce changement de position a suscité la colère des autorités algériennes qui ont décidé, au début du mois de juin 2022, de procéder à la suspension « immédiate » du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, conclu le 8 octobre 2002 avec Madrid.

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Pour Abdelaziz Rahabi, cette nouvelle position de l’Espagne, qui reste « la puissance administrante du Sahara occidental » et qui continue de facto d’avoir « une responsabilité historique » dans l’occupation de ce territoire par le Maroc, signifie que le pays « a perdu sa force et son statut de puissance modératrice » et « a choisi le statut de n’importe quel autre pays européen ». Il ajoutera que cette position fait perdre « tout son poids » à Madrid « dans la recherche d’une solution acceptable pour toutes les parties au conflit ». « À ce jour, nous n’avons aucune explication. Le gouvernement algérien n’a pas reçu d’explication officielle sur la question, hormis ce qui a été publié dans la presse espagnole et la lettre adressée au roi du Maroc », a poursuivi l’ex-ambassadeur d’Algérie à Madrid.

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