Sahara : l’Algérie cherche à jouer les trouble-fêtes à l’ONU
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Les tensions entre le Maroc et l’Algérie qui ne sont pas nouvelles ont atteint « un point de non-retour ». Le régime militaire algérien a réussi à répandre la haine contre Rabat au point que des scènes de liesse ont été observées dans le pays après l’élimination précoce des Lions de l’Atlas à la CAN Côte d’Ivoire 2023. Malgré ce tableau sombre, Amr Abbadi, analyste et chercheur en sciences politiques à l’Université d’Orléans, affiche son optimisme quant au réchauffement des relations entre les deux pays voisins en misant sur le rôle majeur que peuvent jouer les élites intellectuelles, mais aussi les instituts de recherche et les think tanks.
Malgré cette culture produite par le régime militaire, la possibilité de retourner à des relations normales, qui lient les deux peuples, reste ouverte et repose sur les élites des deux pays, estime le professeur de sciences politiques à l’Université d’Orléans, Omar Abbadi dans une tribune publiée par le magazine panafricain Jeune Afrique. Selon lui, les élites intellectuelles du Maroc et de l’Algérie ont un rôle majeur à jouer dans cette crise complexe. « Elles doivent sensibiliser leurs compatriotes à cette question et, fortes de leur influence médiatique, publier des articles d’opinion ou des articles scientifiques, participer à des tables-rondes thématiques, intervenir dans des émissions télévisées et radiophoniques. Elles peuvent en outre utiliser les réseaux sociaux pour partager des réflexions perspicaces et éclairées, et ainsi contribuer à déconstruire les préjugés et les stéréotypes qui exacerbent les tensions, afin de promouvoir un dialogue constructif et une compréhension mutuelle. À travers des débats et des conférences, ces élites peuvent mettre en lumière les similitudes socio-culturelles entre les deux peuples, et souligner l’importance cruciale de la coopération et du respect mutuel. »
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Quid de l’implication des historiens marocains et algériens ? « De même, afin d’atténuer tout sentiment de haine, il incombe aux historiens marocains et algériens de raviver le souvenir des événements au cours desquels les deux pays ont fait montre de solidarité. Les historiens algériens peuvent, par exemple, mettre en lumière l’intervention militaire du Maroc, solidaire de ses ’frères algériens’ lors de la bataille d’Isly (1844), qui déboucha sur le traité de Lalla Maghnia. Ils peuvent aussi rappeler le discours du roi Mohammed V aux Nations unies réclamant, avec ferveur et abnégation, l’indépendance de l’Algérie – discours qui résonne encore aujourd’hui », analyse Amr Abbadi. Selon lui, il revient aux historiens marocains d’« évoquer les gestes de soutien et de respect qu’eut l’Algérie envers le Maroc, comme lorsque Hassan II annonça, le 21 août 1972, que Houari Boumédiène avait été le premier chef d’État à l’avoir félicité d’avoir maté le coup d’État [du général Oufkir], ou encore le comportement émouvant d’Abdelaziz Bouteflika pleurant la mort de Hassan II à Rabat, en 1999 ».
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L’universitaire est persuadé qu’« en rappelant ces moments emblématiques, les historiens des deux pays peuvent contribuer à dissiper les brumes de l’ignorance et des préjugés qui alimentent les conflits contemporains, et renforcer les liens fraternels entre les deux nations. » Il mise aussi sur le rôle des universités. « Les universités jouent, elles aussi, un rôle crucial dans la facilitation des échanges entre les jeunesses marocaine et algérienne, malgré la fermeture des frontières. En mettant en œuvre des programmes d’échanges virtuels (cours en ligne collaboratifs, webinaires, projets de recherche communs), ces établissements offrent une plateforme qui permet aux étudiants et aux chercheurs des deux pays de collaborer à distance. Cette collaboration favorise la compréhension mutuelle et encourage le dialogue interculturel, ce qui pose les fondements d’une coopération future et d’une réconciliation durable », assure Abbadi, ajoutant que les instituts de recherche et les think tanks « ont le potentiel d’enclencher un changement significatif en sensibilisant les jeunes générations aux enjeux régionaux. »
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Et de conclure : « L’implication des élites intellectuelles est donc essentielle pour transformer la perception que les uns ont des autres, et pour instaurer un climat de confiance et de coopération entre le Maroc et l’Algérie. En unissant leurs forces pour abattre le mur de la méfiance, ces élites peuvent ouvrir la voie à un avenir radieux et prospère, où la fraternité triomphera de la division, et où les deux peuples avanceront main dans la main. »
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