L’Algérie voit rouge face au "trio" Maroc-Émirats-Israël

Aux yeux de l’Algérie, l’alliance maroco-émiratie-israélienne agit contre ses intérêts dans les pays africains situés dans la région du Sahel, dont le Mali et le Niger. C’est ce que révèle un rapport de renseignement britannique.

Le rapport de renseignement britannique réalisé par la société « Menas Associates », spécialisée dans les analyses stratégiques et politiques, indique que l’Algérie accuse les Émirats arabes unis, en plus d’Israël, de s’allier avec le Maroc contre elle, dans un certain nombre de dossiers, dont celui du Sahara. D’après ce rapport, ce que Alger appelle « alliance maroco-émiratie-israélienne » agit contre ses intérêts dans les pays africains situés dans la région du Sahel. De quoi faire craindre à l’Algérie les répercussions des troubles dans la région sur ses frontières sud avec le Niger et le Mali.

Outre les accusations qu’elle porte contre le Maroc, l’Algérie est entrée en compétition avec le royaume sur le continent africain, notamment en ce qui concerne les projets dans plusieurs pays, dont le plus notable est le projet de gazoduc avec le Nigeria, révèle le rapport. Son souhait, c’est de réaliser un gazoduc partant du Nigeria via le Niger jusqu’à son territoire, par opposition au projet marocain qui part du Nigeria et traverse 11 pays en Afrique de l’Ouest jusqu’au Maroc. Sauf que Abuja ne s’intéresse qu’à Rabat. Ce qui agace Alger. L’Algérie est « furieuse de la préférence claire du Nigeria pour le projet de gazoduc marin nigérian-marocain (NMGP – Nigerian-Moroccan Gas Pipeline) par rapport au projet de gazoduc terrestre à travers le Sahara (TSGP – Trans-Saharan Gas Pipeline) », souligne le même rapport, faisant savoir qu’Alger a demandé à l’Afrique du Sud d’intervenir en son nom auprès d’Abuja pour lui faire changer d’avis.

L’un des facteurs qui expliquent le choix du Nigeria. Selon le rapport britannique, le Nigeria finance la moitié du projet, tandis que le Maroc finance l’autre moitié, alors que l’Algérie est celle qui finance entièrement le projet. Autre facteur : la stabilité et la sécurité. Le projet de gazoduc Maroc-Nigeria traverse des pays qui ne connaissent pas de troubles sécuritaires, contrairement au projet algérien qui traverse une région désertique instable, au Niger et aux frontières sud de l’Algérie.

D’après le rapport, l’Algérie accuse les Émirats arabes Unis de refuser de révéler les fonds qui lui ont été transférés par des personnalités algériennes appartenant au régime d’Abdelaziz Bouteflika, et de lui fournir des informations sur des sommes d’argent atteignant 300 millions de dollars qu’ils dissimuleraient. Pour l’Algérie, les Émirats tentent de le « déstabiliser » à travers leurs investissements dans le pays. Abu Dhabi chercherait à contrôler la classe politique dirigeante algérienne.