Abordant le sujet sur son compte Facebook, Mohammed Ennaji, sociologue, dénonce « un ijtihad cartésien au nom duquel, sous prétexte de défendre la laïcité et la lumière, on s’enlise dans la confusion et l’obscurité », ajoutant que « selon les responsables de l’école, la jellaba serait un vêtement non civil, autrement dit religieux ». Ces commentaires de Mohammed Ennaji ont suscité une vague de réactions sur le réseau social. Pour certains, un établissement scolaire étranger au Maroc doit respecter les us et coutumes locaux. Pour d’autres, les enfants inscrits dans un établissement laïc doivent se conformer au règlement intérieur de ce dernier, lequel est signé par les parents d’élèves à l’inscription.
À lire : Un lycée français au Maroc accusé d’intolérance religieuse
Contacté par Le360, Najat Delpeyrat, la proviseure de l’établissement et cheffe du pôle Rabat-Kénitra du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), ne nie pas les faits, mais précise toutefois que la décision a été prise à l’entrée de l’établissement par le personnel encadrant sans l’approbation de la direction. « J’ai pris connaissance, il y a quinze jours, du cas d’une jeune fille refusée à l’entrée de l’établissement parce qu’elle portait une belle jelleba, et je suis allée la chercher moi-même sur le parvis pour lui faire intégrer ses cours tout en rappelant à l’ordre le personnel qui ne l’avait pas acceptée », explique la responsable.
À lire : Colère au lycée français de Meknès : un professeur suscite l’indignation
Il y a quelques jours, un conseiller principal d’éducation (CPE) « a fait remarquer à une jeune fille qu’il fallait éviter de mettre une jellaba », poursuit la proviseure qui dit en avoir informée après coup. La jeune fille a fini par intégrer sa salle de classe et la proviseure assure avoir rappelé à l’ordre la personne concernée. Elle a aussi saisi l’occasion pour leur rappeler que « la jellaba n’est pas une tenue religieuse » et qu’« il faut plutôt discuter avec les jeunes pour leur expliquer que la tenue n’est pas conseillée, car elle entrave certaines activités scolaires » comme « la pratique sportive, la fréquentation des laboratoires des sciences de la vie et de la terre ou encore de sciences physiques, parce qu’il y a des matières inflammables ».
À lire : Une lycéenne musulmane de Caen victime d’une attaque raciste
Najat Lapeyrat souligne avoir appelé son personnel à plus de « tolérance » en cette période de ramadan, où « on voit un peu plus de jellabas que d’habitude ». S’agissant des codes vestimentaires, le règlement intérieur « ne parle pas du tout de jellaba », mais de « tenue correcte », insiste la proviseure. Sur la laïcité, la responsable répond que le Lycée Descartes « accueille des élèves français, marocains et de trente-trois nationalités différentes » et que l’année dernière, 80 % des salles de l’établissement français ont été rebaptisées de noms de personnalités arabes et marocaines comme « Nawal Saadawi, Fatema Mernissi, Meriem Meziane, Aicha Ech-Chenna, Chaïbia, Rouicha… ».