
Tunnel Maroc-Espagne : Madrid-Casablanca en 5 heures
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La construction d’un tunnel sous-marin entre l’Espagne et le Maroc est certes un projet ambitieux, mais il est confronté à des défis de mise en œuvre.
« En tant qu’ingénieur ayant travaillé sur de nombreux projets d’infrastructure de grande envergure, j’ai vu ce qu’il fallait pour transformer des idées ambitieuses en réalités concrètes. Et celle-ci est, sans aucun doute, parmi les plus audacieuses. […] Un tunnel sous-marin entre l’Europe et l’Afrique constituerait un exploit d’ingénierie historique, mais il ne serait en rien facile à construire », commente Bill Bencker, spécialiste en construction, auprès de L’Express britannique. Selon lui, il faut des préalables, notamment déterminer l’axe exact du tracé avant même d’envisager un début de chantier. L’option la plus logique serait de traverser le détroit de Gibraltar, ce passage maritime qui sépare l’Espagne du Maroc, estime-t-il.
À en croire l’expert, l’une des difficultés majeures est liée au fait que sous la surface, le détroit cache des profondeurs abyssales, atteignant plus de 900 mètres par endroits. Le percement d’un tunnel sous le plancher océanique devient ainsi infiniment plus ardu que pour le tunnel sous la Manche ou celui de Laerdal. « À cause de ces profondeurs extrêmes, un tunnel foré sous le lit marin traditionnel serait d’une complexité redoutable », explique Bencker. Il propose comme alternative un tunnel flottant submergé, maintenu en suspension sous l’eau par des câbles ancrés dans le sol marin. Il propose également un système hybride combinant des segments creusés sous terre et d’autres reposant sur des infrastructures posées au fond du détroit.
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Autre défi majeur : la durée de la construction d’un tel tunnel. « Si vous imaginez que ce tunnel pourrait voir le jour en une décennie, détrompez-vous, avertit Bencker. Un projet de cette ampleur nécessiterait entre 15 et 25 ans entre les études préliminaires et son achèvement. » Il ajoute : « Et ce n’est pas seulement la construction qui prendrait du temps : les véritables goulets d’étranglement sont les études de faisabilité, les évaluations environnementales, l’obtention des financements et les accords politiques. »
L’expert explique encore : « Même si les négociations commenceraient dès demain, il faudrait des années d’analyses géologiques et de modélisations expérimentales avant que la première coulée de béton ne soit réalisée. » Il poursuit : « Ensuite, la phase de construction elle-même serait d’une lenteur extrême, confrontée aux défis du travail sous-marin : pressions abyssales, mouvements tectoniques et conditions météorologiques hostiles ».
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Le coût global du projet est l’autre défi majeur à relever. Les estimations varient entre 540 et 1 080 milliards de dirhams (soit 42 à 84 milliards de livres sterling), en fonction du type d’infrastructure retenu, fait savoir Bencker. À comparer au tunnel sous la Manche, bien plus simple à construire, qui avait coûté l’équivalent de 150 milliards de dirhams (11,7 milliards de livres sterling) en tenant compte de l’inflation, le budget est colossal.
« Et avec un projet de cette envergure, des dépassements budgétaires sont inévitables, souligne l’expert. Des conditions géologiques imprévues, la fluctuation du prix des matériaux ou des blocages diplomatiques pourraient encore faire exploser les coûts. » Malgré tout, ce projet est réalisable. « En somme, c’est un projet envisageable, mais qui s’annonce comme un chemin semé d’embûches. Entre le coût, la diplomatie et les défis techniques, il faudra un engagement colossal des gouvernements espagnol et marocain ainsi que d’investisseurs privés pour espérer un jour voir ce tunnel devenir une réalité », conclut Bencker.
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