Les années se suivent et se ressemblent. Et chaque année, en cette période, on revit les mêmes cauchemars des deux côtés du détroit de Gibraltar. La situation a été encore plus douloureuse, ces derniers jours, car nombreux ont été les compatriotes qui ont souhaité célébrer la fête de l’Aïd avec leur famille au Maroc. Des deux côtés, on s’attendait à des arrivées massives, la célébration de l’Aïd coïncidant avec les fêtes de fin d’année et les vacances scolaires en Europe. Mais, résultat des courses, des milliers de Marocains résidant à l’étranger (MRE) sont restés bloqués au port d’Algéciras. Dépités, certains ont rebroussé chemin, de crainte de ne pouvoir faire la traversée en sens inverse.
Une traversée rendue dangereuse par des vents violents. Par ailleurs, les ferries qui effectuent la navette ne sont pas armés pour affronter de telles tempêtes. Le trafic sur la ligne Algéciras-Sebta a été fortement compromis pendant plusieurs jours, avant d’être totalement suspendu à partir de mercredi dernier. Sur la ligne Algéciras-Tanger, seuls quelques gros navires peuvent continuer leurs opérations. A l’heure où nous mettons sous presse, le trafic a repris son cours normal.
La colère des usagers était à son comble. A maintes reprises, la sonnette d’alarme a été tirée et aucun dispositif n’est mis en place pour faire face à de telles situations. « On pourrait s’inspirer de l’Angleterre et de la France qui, avant la construction du tunnel, devaient assurer la traversée de la Manche. Et les conditions climatiques dans cette région n’ont rien à voir avec celles du détroit », clame un ressortissant marocain, originaire du Havre, en France.
Selon des sources au port de Tanger, ce n’est pas tant la coïncidence des fêtes qui est en cause dans cette situation, mais plutôt le manque d’organisation. Si l’autorité portuaire d’Algéciras a pris l’initiative et a annoncé la mise en place d’un dispositif spécial, ce dernier a vite montré ses défaillances face aux vents d’est et à l’important flux de passagers.
Pour les opérateurs du secteur, il s’agit désormais d’anticiper des retours massifs en période hivernale et de tenir compte des conditions météorologiques. Les compagnies de navigation auraient également intérêt à se doter de navires capables de faire face aux vents de cette intensité. Les dispositifs de secours doivent également être renforcés.
Par ailleurs, les usagers réclament l’interchangeabilité des billets au niveau des deux liaisons, Tanger et Sebta. Cette manière de faire aurait permis de résoudre quelques retards dus à la légèreté des ferries opérant sur la ligne Algéciras-Sebta, des bateaux peu adaptés au mauvais temps.
L’Economiste - Ali Abjiou