Mohamed Amzahou
Le jeune homme de 22 ans est arrivé en Espagne il y a sept mois et avait l’intention de s’installer à Bilbao. Il voulait rester dans la province durant les trois ans requis pour obtenir un permis de séjour. Malheureusement, le sort en a décidé autrement. À la mi-août, Mohamed a été violemment percuté par une voiture t a rendu l’âme. Ses collègues saisonniers à la ferme El Hoyo, dans la commune de Níjar, ont initié une cagnotte pour rapatrier son corps au Maroc.
L’histoire de Mohamed est racontée à El Diario par Lourdes, une volontaire de la Croix-Rouge, qui dénonce le silence sur la mort du jeune homme. « Il mérite que son nom soit connu et que l’on dise quelque part comment cette province s’enrichit aux dépens d’enfants comme lui », a-t-elle écrit dans sa lettre adressée au journal. Mohamed assistait aux cours d’espagnol qu’elle donne dans les fermes. Il était un « bon élève, un garçon charmant, très joyeux, toujours prêt à aider », confie-t-elle.
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Un collègue de Lourdes lui a raconté que le jeune homme s’est fait renverser par une voiture alors qu’il circulait à vélo dans l’obscurité et sans casque, selon les rapports. Mohamed était arrivé en Espagne sur un bateau en provenance d’Algérie. Comme lui, beaucoup de jeunes affluent à Almeria ou à Huelva pour travailler dans les fermes comme saisonniers. C’est une main-d’œuvre « jeune, forte et très bon marché, la plupart d’entre eux n’ont pas de contrat, mais ils vous disent qu’ici ils sont payés cinq euros l’heure et qu’au Maroc, ils ne touchent qu’un euro ».
La plupart de ces saisonniers ont entre 18 et 45 ans et vivent dans le stress et la solitude dans les serres. « Ils ne sortent presque jamais et n’ont pas de relations sociales. Nous n’avons pas conscience de leur situation », regrette Lourdes.