Tourisme : Marrakech déprime

12 mai 2008 - 23h14 - Maroc - Ecrit par : L.A

Un 1er trimestre négatif pour de nombreux établissements hôteliers de Marrakech. La première destination touristique du pays recule. Et la contre-performance vient d’être confirmée par le ministère de tutelle.

Les très officielles statistiques du ministère indiquent une baisse de 8% en termes de nuitées sur les trois premiers mois. Sur place, les professionnels, qui se basent sur des statistiques établies par la ville et non des données émanant du ministère de tutelle, estiment que la baisse est beaucoup plus importante. Dans tous les cas, institutionnels et professionnels locaux sont unanimes : la ville affiche une tendance à la régression beaucoup plus prononcée que celle constatée à l’échelle nationale.

Premiers à être touchés par ce repli, les 3 et 5 étoiles ainsi que les villages de vacances touristiques (VVT). Chez les premiers, l’activité a chuté de 31%. Alors que les VVT ont accusé une baisse de 19%. Ainsi, au cours du premier trimestre 2008, le taux d’occupation des établissements de Marrakech a atteint 57%, perdant 10 points par rapport à l’année précédente. Selon le ministère de tutelle, l’analyse par marché émetteur révèle que la baisse est induite par les résultats négatifs des marchés français, britannique, italien et allemand.

Les établissements classés de Marrakech accueillent beaucoup moins de touristes français que d’habitude : le marché de l’Hexagone est en baisse de 18% depuis janvier. La chute est en réalité quasi générale et n’épargne aucun marché, y compris les grands pays émetteurs de touristes à destination du Maroc. Le marché britannique, qui a cartonné l’an dernier, a reculé de 13%.

Les opérateurs, eux, ont une autre lecture des indicateurs : la baisse de la demande touristique à destination du Maroc remonte à plus d’un an. Elle est due à plusieurs facteurs et, entre autres, à un déficit de mesures d’accompagnement pour s’adapter aux nouveaux circuits de commercialisation. En effet, une part de plus en plus importante de cette demande se trouve désormais drainée via Internet. Or, à ce niveau, Marrakech souffre cruellement d’un déficit de communication.

Sinon, comment expliquer le fait que le flux des arrivées par avions ne profite que partiellement à la destination ? Pas moins de 70 vols par jour, y compris le low-cost, sont enregistrés par l’aéroport de Marrakech-Ménara, mais les 40.000 lits que compte la ville ocre ne sont occupés qu’à hauteur d’un peu plus de 50%. Dur donc de réaliser l’équation, chère aux professionnels : un siège, une chambre. Certes, l’informel existe bel et bien, mais il n’explique pas l’écart qui ne cesse de s’élargir entre le chiffre des arrivées et le nombre des nuitées réalisées au niveau de l’hébergement.

« L’activité touristique et Marrakech ont besoin d’une plus grande mobilisation et de moyens de communications sur les principaux marchés émetteurs », martèle, à chaque fois, le président du Conseil régional de tourisme (CRT).

L’activité aurait-elle enregistré une reprise en avril ? Les réponses des professionnels sont mitigées. Avril coïncide avec le début de la haute saison de Marrakech et les vacances scolaires. « Il y a eu une légère reprise. On ne pourra toutefois pas compenser les baisses enregistrées », indique ce professionnel.

Derrière ces baisses, il y a des facteurs exogènes, notamment pour le marché européen, mais aussi des contraintes d’ordre local. « Marrakech n’a plus l’apanage de la marque qu’elle s’est forgée au fil des années », constate, avec amertume, un professionnel. Et pourtant, des destinations autrefois sinistrées, comme l’Égypte et la Turquie, ont repris du poil de la bête avec un rapport qualité/prix sensiblement identique au produit de Marrakech.

Le local à la rescousse

Dans ces tableaux négatifs de l’activité touristique, un marché est au vert : le tourisme des résidents. Il affiche une croissance de 35% depuis le début de l’année avec 185.600 nuitées réalisées. Rien que pour le mois de mars, le tourisme national a réalisé plus de 63.000 nuitées. Un fort gisement si on sait l’exploiter, avait souligné Faouzi Zemrani, président de la Fédération des agences de voyages (FNAVM) (cf.www.leconomiste.com). La fédération concocte d’ailleurs un programme pour le tourisme interne. Il s’agit de mettre en place des packages pour les touristes nationaux à des prix attractifs pour plusieurs types d’hébergement. La formule all inclusive est aussi envisagée.

Source : L’Economiste - Badra Berrissoule

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Marrakech - Tourisme - Destination

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : voici les plages les plus propres cette année (classement 2023)

Le Pavillon Bleu, label international dédié à qualité des plages et des ports de plaisance, flottera sur 27 plages marocaines et trois marinas lors de la saison estivale 2023. Les voici

« J’ai visité le Maroc - voici pourquoi je n’y retournerai jamais »

Sur la toile, des tiktokeurs et Youtubeurs – dont des Américains – déconseillent à leurs followers de se rendre au Maroc et en évoquent les raisons. Ils disent ne plus avoir l’intention de retourner dans le royaume.

Maroc : montée en puissance du secteur touristique

Le secteur du tourisme est pourvoyeur de richesse et d’emploi au Maroc. Fin juin dernier, la ministre du Tourisme, Fatima Zahra Ammor, a déclaré que le tourisme contribue à hauteur de 7 % au produit intérieur brut (PIB) et génère 2,5 millions emplois...

Tourisme au Maroc : une baisse de recettes qui inquiète

Alors que les arrivées pourraient atteindre 15,5 millions de voyageurs en 2024, soit un million de plus qu’en 2023, les recettes touristiques devraient poursuivre leur tendance à la baisse notée depuis 8 mois pour s’établir à 100 milliards de dirhams...

Royal Air Maroc : les pertes de bagages dénoncées

L’explosion du nombre de bagages et de valises perdus de nombreux voyageurs arrivant, en particulier lors des vols de la compagnie Royal Air Maroc (RAM) à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca préoccupe Hassan Oumribte, député du Parti du...

Les couples non-mariés pourraient partager une chambre d’hôtel au Maroc

Au Maroc, le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire a engagé des concertations avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice, en vue de la levée de l’interdiction pour les couples non-mariés de partager la...

Tourisme : Le Maroc bat un record historique

Les recettes touristiques du Maroc ont atteint un nouveau record durant les sept premiers mois de 2024, notamment durant la période estivale.

Des prix qui font fuir les touristes ?

La députée Fatima Tamni (Fédération de la gauche démocratique) a vivement critiqué la politique touristique du Maroc.

Au Maroc, les agences de voyage en péril ?

Au Maroc, les inquiétudes sont de mise au sein des agences de voyage. En cause, la récente mise en conformité à la loi 11-16, encadrant l’exercice de cette activité.

Maroc : un lac en péril

Le problème de l’assèchement du lac Tamda dans la province d’Azilal préoccupe le député Saïd Atghlast qui a adressé une question écrite à la ministre du Tourisme, de l’artisanat, de l’économie sociale et solidaire à ce sujet.