La hausse des prix des services touristiques pousse de nombreux Marocains à renoncer à leurs projets de voyage cet été, ou à réduire la durée de leurs vacances.
La guerre qui se prépare contre l’Irak n’est pas une bonne nouvelle pour le tourisme marocain, c’est une lapalissade. Mais le secteur ne s’attendait pas à un tel marasme, bien avant que les aviateurs anglo-saxons ne détruisent ce qui reste d’infrastructures irakiennes.
En effet, Marrakech et Agadir sont déjà en crise. Depuis le 5 janvier, il n’y a plus de réservation. Les dernières concernaient les vacances de fin d’année et avaient être effectuées à la fin de l’été. Depuis c’est la vide absolu. Or la saison passée n’était pas bonne. Les effets du 11 septembre ont été désastreux . On chiffre la baisse officiellement à près de 30%.
La saison actuelle s’annonce catastrophique au point que les restaurants et les hôtels ont déjà mis en place une stratégie de crise. Ainsi certains établissements ont entamé la compression du personnel, et celles charges, en condamnant des ailes ou des étages entiers.
Les restaurateurs vont plus loin, ils changent de produit. Les restaurants marocains par exemple, proposent des cartes modifiées avec des prix plus bas.
L’objectif aujourd’hui est de promouvoir le tourisme national. Hôteliers et restaurateurs sont prêts à réadapter leurs produits et surtout leurs prix, aux exigences du local. Lors d’une réunion à Marrakech les professionnels ont envisagé une baisse de 50% sur les prix affichés par les hôtels. Reste la question douloureuse de l’intermédiation. Les agences de voyages sont peu impliquées dans ce domaine. Le tourisme domestique est essentiellement individuel ou familial, sans intermédiaire. C’est aux professionnels d’imaginer des packages attractifs .
Selon des sources dignes de foi, le nouveau ministre de tourisme aurait promis une diminution du prix du transport voyageur sur les destinations touristiques.
Toutes ces mesures se prennent dans l’urgences. La perspective d’une nouvelle guerre du golfe et d’une contraction durable du flux touristique intervient au moment où ce secteur sortait d’une longue période de crise. En effet depuis quelques années, les effets de la première guerre étaient gommés. Le secteur entrait même dans une phase d’expansion, puisque plusieurs milliards d’Euros d’investissement étaient programmés. Essaouira, nouvelle destination coqueluche, mais aussi Agadir et Tanger s’apprêtaient à améliorer l’offre sur le balnéaire de manière tangible.
Un contrat-programme avait été établi entre l’Etat et les représentants du secteur, visant à renforcer l’offre marocaine. Aujourd’hui les principales revendications des hôteliers, sont redevenues des préoccupations de crise. Ils demandent le rééchelonnement de leurs créances, mettant ainsi plus à mal le CIH, la banque du secteur, déjà en grosses difficultés.
Du côté du gouvernement, ce dossier est suivi avec une angoisse certaine. Une nouvelle crise du tourisme aggraverait la crise sociale. Le Maroc, pays stable et sécurisé, est frappé de plein fouet par des événements qui se déroulent à des milliers de kilomètres. Une campagne de communication appropriée, vers les marchés émetteurs est à l’étude. Les tours-opérators eux, font pression sur les prix. Une stratégie qui a été fort coûteuse pour le secteur dans les années 90.
Jamal Berraoui pour l’observateur
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