À Toulouse, la mosquée Es-Salam en plein chaos post-électoral

6 avril 2025 - 15h00 - France - Ecrit par : S.A

Depuis l’élection contestée de son président, il règne une bien mauvaise ambiance à la mosquée Es-Salam de Toulouse. L’affaire est portée devant la justice.

Élu président de l’Association musulmane de Toulouse Mosquée Es-Salam, le 1ᵉʳ mai 2023, Mohamed Makkaoui souffre-t-il de légitimité ? Dès le lendemain de son élection, un second procès-verbal est déposé en préfecture, attestant d’une direction concurrente, rapporte La Dépêche, notant que « ce double enregistrement déclenche une bataille juridique nourrie de soupçons de fraude. » L’équipe de Mohamed Makkaoui dépose plainte. Cela donne lieu à l’ouverture d’une enquête le 21 juin 2023. Ahmed B., adhérent et proche de l’ancien bureau, est considéré comme le principal suspect. Il est aujourd’hui renvoyé devant le tribunal correctionnel. Poursuivi pour « faux », « usage de faux » et « vol » du tampon officiel de l’association, il reconnaît avoir signé le récépissé litigieux. Il affirme toutefois que le scrutin a été truqué par ses adversaires.

Ahmed B. porte également des accusations de détournement de fonds humanitaires destinés aux victimes du séisme au Maroc contre les nouveaux dirigeants. Sans oublier des affiliations salafistes et des propos « à la limite de l’antisémitisme » attribués à Mohamed Makkaoui. Le principal suspect n’a cependant apporté la moindre preuve. « Cela m’a blessé, tout est faux, jamais je n’ai eu de tels propos », s’indigne Mohamed Makkaoui. Le Conseil régional du culte musulman comprend son indignation. L’institution note « une nette amélioration sur le plan relationnel avec les autres cultes » depuis l’arrivée du nouveau président. Clément Rouger, avocat de Mohamed Makkaoui, contre-attaque : « Les accusations proférées à l’encontre de mon client sont fantaisistes. Nous nous réservons le droit de porter plainte pour diffamation ».

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Un conflit sur fond de clivage générationnel. Selon une source proche du dossier, l’ancien bureau ne voulait pas laisser la place, alors qu’il a bloqué le projet de reconstruction pendant un an. Ce projet est évalué à 4,5 millions d’euros, précise la même source. Dans la foulée, l’ambiance dégénère à la mosquée. Un homme serait entré dans le bureau de l’association. Il aurait proféré des menaces. « Je vais envoyer des gars et votre nouveau président on va le découper. » « Ils veulent nous faire peur et j’ai déposé plainte pour ces faits », explique Mohamed Makkaoui également intimidé par des hommes cagoulés.

Après l’échec de la dernière tentative des membres de l’ancien bureau pour contester l’élection devant le juge des référés, le tribunal a confirmé la légitimité du scrutin et la régularité du conseil d’administration élu. « La seule chose que réclame le bureau actuel, c’est la reconnaissance de sa légitimité », conclut l’avocat. Il fait référence à la décision rendue le 25 mars dernier. De nouvelles élections seront organisées en avril 2025 à la mosquée. Quant au procès d’Ahmed B., il aura lieu le 19 septembre.

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