France / Communauté musulmane : une guerre ouverte entre la GMP et le CFCM

9 novembre 2020 - 22h30 - Monde - Ecrit par : Bladi.net

Une guerre de leadership sape les relations entre le Conseil français du culte musulman (CFCM) et la Grande Mosquée de Paris (GMP). L’initiative du 2 novembre à la Grande Mosquée de Paris, organisée hors du cadre de l’instance représentative du culte musulman, a exacerbé les tensions entre les deux instances appelées pourtant à défendre les intérêts de la communauté musulmane de France.

Le lundi 2 novembre, plusieurs fédérations musulmanes ont signé une déclaration, pour dénoncer fermement les attaques visant la France face à la vague de colère qui traverse des pays musulmans, principalement autour de la position d’Emmanuel Macron sur les caricatures. Cette initiative qui se veut un soutien moral, affirmé auprès de l’État deux jours après la diffusion de l’interview du président français sur Al Jazeera n’a pas associé le Conseil français du culte musulman (CFCM), souligne saphirnews.com.

En réalité, cette initiative qui cache d’après le média, «  les dissensions qui traversent à nouveau le Conseil français du culte musulman (CFCM) ces dernières semaines  », a connu d’autres absents, à savoir, celle du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) et la Confédération islamique Milli Gorus (CIMG), ainsi que Musulmans de France (MF). En coulisses, ces trois fédérations ont affirmé ne pas avoir été invitées à se joindre à l’initiative, car trop «  islamistes » pour les uns, trop « turques » pour les autres.

Cependant, plus remarquable encore aura été l’absence de Mohammed Moussaoui, l’actuel dirigeant du CFCM qui préside l’Union des mosquées de France (UMF) et dont l’activisme contre le radicalisme n’est plus à démontrer. Pourtant, le recteur du GMP, Chems-Eddine Hafiz a indiqué avoir « personnellement » contacté Mohammed Moussaoui à rejoindre le collectif, sans retour, déplorant son absence mais, réfutant néanmoins devant la presse l’idée d’une « scission » au sein du CFCM, indiquant que cette démarche n’entre « pas en concurrence » avec celles qui pourraient émaner de l’instance dont il est le vice-président, rapporte la même source.

De l’avis de Mohammed Moussaoui, il s’agit bel et bien d’une « dynamique née » face au CFCM qu’il faut «  enterrer  » comme cadre à partir duquel des actions concourant à la lutte contre la radicalisation et à une meilleure structuration du culte musulman en France peuvent être menées. Moussaoui qui admet avoir été contacté par sms vendredi 30 octobre « en sa qualité de président de l’UMF et non du CFCM » pour l’informer de la démarche, affirme ne pas avoir reçu copie du document. Par ailleurs, Mohammed Moussaoui juge l’initiative de la GMP « incompréhensible » car, d’après lui, elle vient « rompre cette dynamique  » suscitée par deux initiatives récentes préalables, notamment «  deux réunions de travail dédiées à la formation des cadres religieux et la prévention de la radicalisation samedi 31 octobre et dimanche 1ᵉʳ novembre  », ce qui «  n’est pas un service à rendre à l’islam de France », estime-t-il.

Le président du CFCM regrette aussi une initiative « non posée dans le cadre des réunions du CFCM » qui ne vise qu’à « diviser les initiatives » dans la mesure où « nous nourrissons tous les mêmes objectifs ». Autant de faits qui prouvent qu’il s’agit d’une guerre de leadership. En effet, l’émergence du CFCM en 2003 a compromis la position de «  seule interlocutrice de l’État  » dont pouvait se targuer la Grande Mosquée de Paris depuis fort longtemps. Et Chems-Eddine Hafiz qui depuis janvier dernier, a pris la direction de la GMP multiplie les initiatives, étalant un grand activisme pour réaffirmer son leadership sur la scène de l’islamde France et apparaître comme le chef de file musulman le plus crédible dans la lutte contre l’islamisme radical, fait observer la même source.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) - Al Jazeera - Mohammed Moussaoui - Islam - Union des mosquées de France (UMF) - Emmanuel Macron

Aller plus loin

France : le CFCM réaffirme son engagement à lutter contre tous les séparatismes

Au lendemain du discours de politique générale prononcée par le nouveau Premier ministre français, Jean Castex, et l’annonce pour septembre prochain d’un projet de loi pour la...

La Grande Mosquée de Paris n’est plus membre du CFCM

La Grande Mosquée de Paris et trois fédérations fondatrices du Conseil français du culte musulman (CFCM) se retirent définitivement de l’instance. Elles évoquent la gestion à...

Jean Castex reçoit une délégation du CFCM

Le 1ᵉʳ ministre français Jean Castex a reçu une délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM). Les deux parties ont passé en revue les préoccupations et les attentes...

L’appel du CFCM aux mosquées de France

Le Conseil français du culte musulman (CFCM), présidé par Mohammed Moussaoui, "appelle les mosquées de France à ne pas s’ouvrir aux cérémonies religieuses avant le 3 juin 2020".

Ces articles devraient vous intéresser :

Aid Al Fitr au Maroc : mercredi ou jeudi ?

Les calculs astronomiques prévoient la célébration de l’Aïd Al fitr au Maroc le mercredi 10 avril 2024, comme de nombreux pays arabes et européens, mais l’observation de la lune reste pour l’instant l’option privilégiée par les autorités religieuses...

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Les chrétiens marocains contraints de vivre leur foi en secret

Les chrétiens marocains sont rejetés par leurs familles et la société. Bien que la Constitution de 2011 garantisse la liberté de conscience, la pratique d’une religion autre que l’islam sunnite est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans...

Sahara : voici la lettre envoyée par Emmanuel Macron au roi du Maroc

Dans une lettre envoyée au roi Mohammed VI et divulguée le mardi 30 juillet 2024, le président français Emmanuel Macron a reconnu la marocanité du Sahara.

La Youtubeuse marocaine "Mi Naima" au cœur d’un nouveau scandale

“Mi Naïma” fait à nouveau parler d’elle. La Youtubeuse marocaine, connue pour ses controverses, a récemment publié une vidéo dans laquelle on la voit lire certains versets du Coran de manière désinvolte. La vidéo a suscité la colère des internautes.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Voici les dates de début et de fin du ramadan au Maroc

Les dates de début et de fin du mois sacré de ramadan au Maroc sont désormais connues.

« Salut islamiste » : le joueur du Real Madrid Antonio Rüdiger porte plainte

Le défenseur du Real Madrid, Antonio Rüdiger, a décidé de porter plainte pour diffamation contre Julian Reichelt, ancien rédacteur en chef du journal Bild. Ce dernier avait accusé Rüdiger de faire un « salut islamiste » après un match de football, une...

Une campagne pousse les jeunes Marocains à prier

De jeunes Marocains ont lancé une campagne numérique pour inciter leur génération à cultiver une vie de prière, soulignant l’importance de celle-ci dans la pratique de leur foi musulmane.

Maroc : Voici la date de l’Aïd al-Adha 2024

Alors que l’Aïd El Fitr marquant la fin du mois de ramadan, a été fêté il y a un peu moins d’un mois, les Marocains sont fixés sur la date de l’Aïd al-Adha.