Tomate marocaine : le ras-le-bol des agriculteurs français

1er mars 2025 - 07h00 - Economie - Ecrit par : Bladi.net

Le Salon de l’Agriculture, grand-messe annuelle du monde agricole, bat son plein. Mais derrière les sourires de façade, une inquiétude grandit chez les producteurs de tomates français. Gilles Bertrandias, directeur de Rougeline, un important groupement de coopératives basé à Marmande, s’est exprimé sur le stand du collectif Nouveaux Champs. Il pointe du doigt la concurrence jugée déloyale de la tomate marocaine.

L’ombre de la tomate marocaine, et plus singulièrement de la tomate cerise, plane sur les étals français. La raison ? Les coûts de production. Là où le coût horaire de la main-d’œuvre s’élève à 14 euros en France, il plafonne à 1 euro au Maroc. Un écart qui donne un avantage de taille aux producteurs marocains, relate Sud-ouest.

Cet avantage s’appuie sur un accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne, signé en 2012. Un accord qui, selon Gilles Bertrandias, a perdu son sens initial. Conçu pour assurer une complémentarité entre les productions françaises et marocaines, il est aujourd’hui “dévoyé”. La tomate marocaine, initialement présente en hiver, inonde désormais le marché français toute l’année, y compris en pleine saison de production française, de mars à octobre.

A lire : Les agriculteurs français en colère contre la tomate marocaine

La tomate cerise marocaine, star des rayons, est souvent proposée à des prix défiant toute concurrence. On la trouve régulièrement à 99 centimes d’euros la barquette de 250 grammes. Un prix qui équivaut au coût de production d’une barquette française. Les producteurs français, s’ils arrivent à négocier un prix de 1,29 € pour leurs tomates, soulignent la difficulté d’informer le consommateur sur l’origine réelle du produit. « Le consommateur français ne demande pas, en pleine saison, à consommer de la tomate cerise marocaine », affirme Gilles Bertrandias.

La présence du Maroc en tant qu’invité d’honneur du Salon de l’Agriculture ajoute de l’huile sur le feu. Pour beaucoup de producteurs français, c’est une véritable provocation. « Sans vouloir stigmatiser le Maroc, explique le directeur de Rougeline, cette mise en avant de la tomate marocaine passe mal auprès des agriculteurs français. »

Face à cette situation, les producteurs français réclament une révision de l’accord de libre-échange. Ils demandent un « rééquilibrage saisonnier des importations » afin de revenir à l’esprit initial de l’accord. L’enjeu est de taille : préserver la filière française de la tomate cerise.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Exportations - Agriculture

Aller plus loin

Maroc : le prix de la tomate s’envole

La valse des étiquettes continue au marché de gros de Casablanca. Si les consommateurs peuvent souffler du côté des étals de viande, le prix de la tomate, lui, grimpe en flèche...

Tomates marocaines : la France veut revoir les règles du jeu

Le ministère de l’Agriculture français appelle à une révision des prix d’importation des tomates marocaines sur les marchés de l’Union européenne.

Les agriculteurs français en colère contre la tomate marocaine

Les agriculteurs espagnols et français dénoncent les importations « massives » de fruits et légumes, notamment la tomate, en provenance du Maroc, ainsi que l’inaction de l’UE...

Le Maroc s’impose dans les assiettes françaises

La France importe de plus en plus de framboises, de myrtilles et de tomates du Maroc. En conséquence, les producteurs français perdent des parts de marché et appellent les...

Ces articles devraient vous intéresser :

Avocat : Le Maroc inonde l’Europe

Le Maroc continue d’inonder le marché européen de ses avocats. Entre octobre et décembre 2024, le royaume a exporté pas moins de 42 000 tonnes de ce produit vers l’UE. Des chiffres qui risquent de grimper d’ici à avril.

Tanger Med : les exportateurs marocains en colère

Des exportateurs marocains de fruits et légumes se plaignent de l’engorgement du port de Tanger Med, notant que cette situation affecte la qualité de leurs produits destinés aux pays européens.

Chute historique des exportations d’olives marocaines

Les exportations d’olive marocaine sont en net recul alors que les importations sont en hausse. Le déficit commercial s’est creusé.

Maroc : la pastèque sacrifiée pour préserver l’eau ?

Des associations locales de la province d’Al Haouz ont sollicité Rachid Benchikhi, le gouverneur de la province, pour qu’il interdise la culture de pastèques et de melons.

Industrie automobile : Le Maroc se positionne parmi les grands constructeurs mondiaux

L’industrie marocaine, en particulier le secteur automobile, a connu ces dernières années une croissance fulgurante, propulsant le Royaume au rang des concurrents sérieux sur la scène internationale. C’est ce qu’a affirmé Ryad Mezzour, ministre de...

Maroc : les agriculteurs rattrapés par l’impôt

Au Maroc, les petits agriculteurs exploitants agricoles exonérés d’impôts réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 5 millions de dirhams, doivent désormais remplir une déclaration de revenus, a récemment rappelé la Direction générale des impôts (DGI).

Le Maroc dans le top 10 des marchés mondiaux de Renault

Le Maroc est désormais le dixième marché mondial de Renault et le premier de toute la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) en termes de ventes, avec 44 497 véhicules vendus au cours des neuf premiers mois de l’année 2023.

Maroc : ces investisseurs étrangers piégés

Au Maroc, plusieurs investisseurs étrangers ont engagé des ressources importantes dans certains secteurs comme l’agriculture, l’immobilier, la restauration, sans une étude préalable. Conséquence, ils ont enregistré des pertes colossales du fait de la...

Maroc : la quête d’autosuffisance en dattes face aux défis climatiques

Le Maroc est le septième producteur mondial de dattes, avec un volume de 170 000 tonnes par an. Toutefois, des défis restent à relever pour le développement de la filière et satisfaire la demande nationale.

Alerte au miel « aphrodisiaque » en vente au Maroc

Du « miel aphrodisiaque » ou du « miel de virilité » inonde le marché marocain et inquiète le Syndicat des professionnels de l’apiculture au Maroc.