Maroc : deux journalistes en grève de la faim
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Le verdict dans l’affaire du journaliste marocain Soulaimane Raissouni est tombé. Le Rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum a été condamné à cinq ans de prison assortie d’une amende de 100 000 dirhams (environ 9 500 euros), pour « agression sexuelle » sur un militant LGBT. Son comité de soutien et Reporters sans Frontières réclament sa libération dans l’attente d’un procès en appel « équitable ».
Vendredi, le juge avait ordonné la présence du journaliste, absent de son procès depuis la mi-juin, afin qu’il entende sa condamnation, mais le prévenu a « refusé », d’après un procès-verbal lu au cours de l’audience à la cour d’appel de Casablanca.
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Soulaimane Raissouni est maintenu en détention provisoire depuis mai 2020 pour « agression sexuelle » sur un militant LGBT. L’accusé, depuis le début de cette affaire, n’a cessé de clamer son innocence. Ses proches dénoncent un « procès politique » et qualifient de « critique » l’état de santé du journaliste de 49 ans, qui a entamé une grève de la faim pour protester contre une « grande injustice ».
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Il a été hospitalisé récemment après avoir fait une crise. Son état n’était pas passé inaperçu le 10 juin dernier, où il marchait en titubant devant la cour. Au Maroc comme à l’étranger, des défenseurs des droits humains, des intellectuels et des responsables politiques ne cessent de réclamer sa libération provisoire.
De son côté, le plaignant se réjouit de l’issue du procès malgré les appels venus de part et d’autres. « La justice a triomphé. Toutes les sales manœuvres de politiser l’affaire seront vaines », a-t-il réagi sur Facebook, précisant qu’il comptait « faire don du montant des dédommagements à une association caritative ».
Préoccupé par l’état de santé du journaliste, Reporters sans frontières demande sa libération en attendant un procès en appel. « Nous demandons instamment que Soulaimane Raissouni soit libéré dans l’attente d’un procès en appel. Après une grève de la faim aussi longue, il y va de sa survie. Il mérite un procès équitable », a plaidé samedi RSF dans un communiqué.
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À l’issue d’un « procès entaché d’irrégularités manifestes », le comité de soutien du journaliste, composé de militants appartenant à divers associations locales de défense des droits humains, a « condamné fermement un verdict injuste […] aussi sévère qu’incompréhensible ». Dans son communiqué, le comité dénonce le fait que le tribunal « n’a présenté devant la défense aucune preuve et n’a entendu aucun témoin ». « La police a empêché un sit-in que tentaient d’organiser samedi à Rabat une vingtaine de membres du comité pour protester contre sa condamnation et réclamer sa libération ». L’avocat du journaliste qualifie ce qui s’est passé de « boucherie judiciaire ».
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Alors qu’elles ont fait vœu de silence depuis le début de cette affaire, les autorités marocaines, face aux critiques, disent donner plein pouvoir à l’indépendance de la justice et la conformité des procédures. En ce qui concerne sa grève de faim, l’administration pénitentiaire (DGAPR) a soutenu que le journaliste en usait comme moyen de pression sur le tribunal.
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