Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...
Les islamistes marocains n’ont pas réussi la percée qu’ils espéraient aux élections législatives de vendredi marquées par une abstention historique avec une participation de seulement 41%. Le Parti justice et développement qui affichait de grandes ambitions et espérait devenir sans conteste la première formation du royaume, a vu ses espoirs douchés samedi à l’aube et a aussitôt accusé ses adversaires de corruption électorale.
"Nous aurons au maximum 56 sièges car l’argent a coulé à flots. Nous pensons que nous serons quand même le premier parti sinon c’est vraiment le monde à l’envers", a déclaré le numéro deux du parti, Lahcen Daoudi, réélu à Fès. Le secrétaire général du PJD, Saad Eddine Othmani, qui devrait l’emporter dans une circonscription de Casablanca s’est montré plus pessimiste : "nous sommes sûrs d’avoir au moins 40 sièges mais nous rencontrons des difficultés à obtenir un décompte exact car l’administration ne donne pas tous les chiffres".
"Les résultats sont trop partiels pour pouvoir dire si nous sommes ou non le premier parti", a-t-il dit à l’AFP, visiblement dépité et fatigué. Au cours de la campagne, M. Daoudi se disait assuré que le PJD obtiendrait 80 sièges contre 42 dans la législature précédente. M. Othmani avait quant à lui prédit 70 sièges.
Les électeurs choisissaient 295 députés dans 95 circonscriptions et 30 députées sur une "liste nationale" séparée, pour assurer un quota de représentation aux femmes. Les résultats partiels devraient être annoncés samedi soir par le ministère de l’Intérieur et les chiffres définitifs dimanche.
Seuls deux inscrits sur cinq se sont déplacés pour ces deuxièmes élections législatives depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI en 1999. Selon les estimations du ministère de l’Intérieur, la participation s’établit à 41% contre 52% en 2002. Il s’agit du taux le plus bas de l’histoire du royaume. La désaffection des électeurs n’a fait que s’accentuer au fil des scrutins. En 1984, le taux de participation avait été officiellement de 67,43%, mais les irrégularités avaient été nombreuses.
"On s’attend à ce que le taux de participation définitif ne soit pas à la hauteur de nos ambitions", a déclaré le ministre de l’Intérieur Chakib Benmoussa. "Le défi aujourd’hui consiste à réfléchir à la meilleure manière de mobiliser les électeurs afin de soutenir l’action politique. C’est la responsabilité de tout le monde : autorités, partis politiques et société civile". Abasourdis par cette abstention historique, plusieurs partis ont reconnu qu’il fallait revoir la manière dont ils avaient mené leur action politique. Le taux de participation était l’un des enjeux du scrutin et il s’agit d’un revers pour les 33 partis en lice comme pour les autorités : résultats sont en deçà des ambitions modestes affichées par le ministre de l’Intérieur qui espérait faire mieux que les 52% de 2002.
Pour la première fois, 52 observateurs étrangers ont supervisé le scrutin. Ils devaient publier un rapport préliminaire samedi et une version définitive dans quelques semaines. Près de 3.000 observateurs marocains ont aussi participé à la surveillance du scrutin.
Les partis en lice sont répartis en trois grandes tendances : les islamistes, dont le PJD, les partis de la coalition gouvernementale et la gauche non gouvernementale. Au vu des résultats définitifs, Mohammed VI devrait nommer un Premier ministre qui négociera avec les partis représentés au Parlement pour former une coalition.
Le mode de scrutin à la proportionnelle ne permet à aucun parti d’obtenir la majorité absolue.
Ces articles devraient vous intéresser :