L’exode des infirmiers marocains vers le Québec continue
Entre novembre 2021 et fin mai, quelque 400 infirmiers marocains ont choisi d’immigrer au Québec, aggravant ainsi le déficit de personnel qui plombe le système de santé au Maroc.
Le système de santé marocain est dépassé et inopérant face aux fortes pressions sanitaires. Il a besoin d’une véritable réorganisation, a indiqué l’épidémiologiste et spécialiste en maladies infectieuses Jaafar Heikel.
Faisant la nuance entre la réforme et la refonte du système de santé annoncée par le Roi Mohammed VI en 2018, Heikel a indiqué, dans une interview accordée à Maroc Hebdo, que de nombreuses réformes ont été engagées dans le royaume depuis des années. Sauf que le résultat envisagé n’est pas atteint. Même si plusieurs progrès ont été enregistrés, notamment l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant, l’affermissement de la couverture vaccinale et la lutte contre les maladies contagieuses, le système n’a pas pu assurer un accès universel aux soins de santé aux citoyens marocains, a-t-il déploré.
Même les résultats du régime du Ramed instauré en 2012, n’ont pas été à la hauteur des attentes. Cette situation a plutôt engendré une prolongation des délais de diagnostic et de rendez-vous de consultation ayant poussé 20 à 25 % des Ramedistes à se rabattre sur le privé, malgré leur faible pouvoir d’achat. De l’avis du spécialiste, ce n’est pas seulement l’État qui a failli dans l’atteinte de certains objectifs, mais aussi, les politiques publiques engagées depuis quelques années dans le secteur sanitaire, davantage dégradé avec la crise du Covid-19.
Toutefois, le professionnel de la santé partage les suggestions du ministre de la Santé, pourvu que cela soit conforme à la demande du Roi Mohammed VI. Ainsi, la refonte doit se baser principalement sur la réorganisation du ministère aux plans national et régional, la mise en place véritable d’une couverture sanitaire universelle accessible à tous, l’amélioration de l’accès aux facultés de médecine publiques…
Jaafar Heikel a souligné que la présence des médecins étrangers ne devrait pas être une priorité puisque, avec une bonne organisation et une coopération de qualité, les médecins internes peuvent faire le travail. Bien que plusieurs réalisations aient été faites dans le royaume sur le plan sanitaire, plusieurs efforts restent à mener dans les domaines social, économique, humain et sanitaire pour un meilleur avenir du pays, a conclu le professionnel de la santé.
Aller plus loin
Entre novembre 2021 et fin mai, quelque 400 infirmiers marocains ont choisi d’immigrer au Québec, aggravant ainsi le déficit de personnel qui plombe le système de santé au Maroc.
Depuis quelques années, le Maroc souffre d’un déficit des professionnels de santé. Cette situation qui s’est aggravée avec la crise sanitaire, appelle des mesures d’urgence.
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