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Reconnaissance française du Sahara marocain : et maintenant ?
Ahmed Noureddine, expert en relations internationales et spécialiste des questions sahariennes, insiste sur la nécessité de garantir un impact juridique de la reconnaissance...
La reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur le Sahara ne profite pas aux entreprises françaises. Alors que celles-ci perdent du terrain, les entreprises israéliennes, chinoises, espagnoles et sud-coréennes remportent, elles, de gros marchés.
Élimination du Français Alstom d’un important appel d’offres lancé par le Maroc pour l’acquisition de 168 trains, perte par la France de son statut de premier fournisseur de blé du royaume au profit de la Russie, écartement du Français KNDS, fabricant du célèbre canon Caesar, au profit du groupe israélien Elbit Systems pour la fourniture de 36 pièces d’artillerie autotractées Atmos 2000, ouverture prochaine par l’entreprise turque Baykar d’une usine de fabrication de drones dans le royaume, le BTP aux Chinois, attribution des marchés de trains aux Espagnols et aux Sud-Coréens… Quelques mois après la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara, les entreprises françaises qui s’attendaient à remporter de gros marchés au Maroc n’engrangent pas de gros dividendes économiques. La France fait face à une vive concurrence. La diplomatie économique du Maroc profite largement à Israël, à la Chine, à la Chine et à la Corée du Sud, etc, et non à Paris.
À lire : Reconnaissance du Sahara marocain : que gagne la France ?
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a-t-il eu raison de mettre en garde le président français Emmanuel Macron qu’il ne gagnera rien de la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental ? « Vous faites une grave erreur ! Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre », a-t-il dit à son homologue français dans une interview au journal français L’Opinion en marge du sommet du G7 en juin dernier à Bari, en Italie. Le changement de position de la France a mis à mal les relations entre Paris et Alger.
À lire : Commerce France-Maroc : la reconnaissance du Sahara change la donne
Le rapport annuel des douanes françaises sur l’état du commerce extérieur de Paris pour 2024 indique toutefois que la reconnaissance par Paris de la marocanité du Sahara contribue à donner un coup de pouce au commerce extérieur entre le Maroc et la France. Le rapport révèle une « évolution des exportations vers le Maroc de 13,1 %, contre une légère stabilité des importations, qui ont diminué de 0,4 %, restant ainsi à leur niveau habituel ». La valeur des exportations françaises vers le Maroc a atteint 7,4 milliards d’euros en 2024, contre 6,6 milliards d’euros en 2023, tandis que les importations en provenance du Maroc sont restées au même niveau qu’en 2023, soit 7,4 milliards d’euros. Résultat : le commerce extérieur (excédent de la balance commercial) entre le Maroc et la France s’est amélioré de 0,9 % en 2024, après avoir enregistré un déficit de 0,8 % en 2023.
Aller plus loin
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La reconnaissance par Paris de la marocanité du Sahara contribue à donner un coup de pouce au commerce extérieur entre le Maroc et la France.
La reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur le Sahara n’est pas sans intérêt. Que gagnerait la France ?
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