Un seul mot peut le définir : persévérance. Après un parcours scolaire chaotique », Rayane Bensaghir raccroche. « Après avoir redoublé plusieurs fois, j’ai quitté l’école à 17 ans, sans CESS. À l’époque, je ne vivais que pour le foot », raconte-t-il à La Libre. Mais il ne réussit pas à faire carrière dans le foot. Sans diplôme, sans projet, l’avenir s’assombrissait pour lui. Il reprend confiance en lui et décide d’obtenir son diplôme. « Je me suis mis à travailler dans des bars à chicha ou des discothèques pour récolter assez d’argent pour passer mon CESS. Puis, à 24 ans, je me suis inscrit en sciences politiques à l’ULB. »
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Sa nouvelle vie est prometteuse. Un jour, alors qu’il regardait la télévision, l’idée de s’essayer à l’écriture lui vient à l’esprit. « Je regardais la télé et j’ai vu l’écrivain Rachid Djaïdani sur le plateau de Tout le monde en parle. Il venait des quartiers, comme moi, et s’habillait comme moi. Je me suis dit que, finalement, moi aussi, je pouvais écrire des romans. » Il mettra un an pour écrire son tout premier roman. « Je n’avais pas beaucoup de temps pour écrire, avec mes études et mon travail, mais je m’y mettais dès que je le pouvais. »
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En juin, le projet se concrétise. Rayane Bensaghir publie « Le fou allié du diable » (éd Millot, 2022). Le roman raconte l’histoire de Gafora, un jeune Bruxellois qui refait le fil de sa vie depuis sa cellule de prison. L’étudiant en deuxième année de master en relations internationales à l’ULB y aborde des thèmes comme le décrochage scolaire, la précarité et le radicalisme. J’ai vu autour de moi des personnes se laisser séduire par l’islamisme. Cette proximité m’a interpellé. Je me suis demandé pourquoi eux et pas moi. Je me suis donc intéressé aux facteurs propices à la radicalisation. À un moment donné, j’étais tellement paumé dans ma vie, que ça aurait peut-être pu m’arriver aussi. Je voulais donc comprendre les raisons qu’il y avait derrière ces changements de comportement. Ce n’est pas en les traitant de fou qu’on règle le problème. »