
Encore plus difficile d’obtenir des titres de séjour en France
Depuis l’entrée en vigueur en janvier dernier de la circulaire Retailleau, l’obtention ou le renouvellement des titres de séjour en France relèvent d’un véritable parcours du...
Premiers arrivés, premiers servis. C’est la règle d’or à l’hôtel Ortaffa à Perpignan où, des dizaines d’étrangers tentent, trois matinées par semaine, d’obtenir un ticket pour accéder au guichet de la préfecture afin d’enclencher des démarches de titres de séjour.
C’est un véritable parcours du combattant pour ces étrangers demandeurs de titres de séjour ou de renouvellement. Mardi dernier à 6h30, la rue Lazare-Escarguel à Perpignan grouillait déjà d’une dizaine d’entre eux. Ils attendaient l’ouverture de la direction de la citoyenneté et de la légalité de la préfecture des Pyrénées-Orientales dont le siège se trouve à l’intérieur de l’hôtel d’Ortaffa. « L’accueil des usagers est désormais ouvert les lundis, mardis et vendredis de 9 h à 11 h. Pour des raisons de sécurité et selon le flux, les portes du hall Ortaffa pourront être fermées plus tôt », informe la direction sur son site internet.
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Par jour d’ouverture, le centre ne délivre pas plus de 50 tickets d’entrée. Pour être sûr d’obtenir son ticket, il faut s’assurer d’être parmi les premiers arrivés. Rachid (nom d’emprunt), 59 ans, qui n’avait pas pu avoir gain de cause lundi, s’est pointé le mardi à 2 h. « Lundi, je suis venu vers 6 h, il y avait trop de monde. On était plus d’une centaine à attendre, c’était la cohue. Je n’ai pas réussi à avoir de ticket. Je suis venu pour rien… Alors, cette fois, même si le guichet n’ouvre qu’à 9 h, je suis arrivé à 2 h du matin pour être sûr de passer », confie à L’Indépendant celui qui vit et travaille en France depuis près de 30 ans.
Jean-Paul est dans la file depuis 3 h 30. Le Guinéen de 22 ans résidant en France depuis 7 ans est reparti bredouille la veille comme Rachid. « Hier, je suis venu à 6 h. Je n’ai pas pu rentrer. Mon précédent justificatif est arrivé à échéance. J’ai juste un récépissé qui atteste que la procédure est en cours. Il fait office de document officiel en attendant le suivant et me permet de travailler. Il est valable six mois », explique ce plombier. Najat, une Marocaine de 29 ans, est aussi dans le rang depuis 5 heures. Résidant en France depuis 2016 et renouvelant son titre chaque année, cette éducatrice spécialisée prépare un dossier pour une carte de séjour de 10 ans.
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« Ça ne fait pas très longtemps que ça bloque comme ça. Pour mes précédentes demandes, j’arrivais à 9 h, je passais directement. Il n’y avait pas la queue. Un agent m’a dit qu’il y a un problème de système depuis que nos dossiers ne sont plus traités ici, à Perpignan, mais à Montpellier », détaille la jeune femme qui craint de rater une opportunité professionnelle à cause de cette lourdeur administrative : « Mon employeur me propose un CDI, mais je ne peux pas signer tant que le titre n’est pas renouvelé. J’ai peur que si ça dure trop longtemps, un intérimaire prenne ma place et que le contrat me passe sous le nez… »
Quelque 70 étrangers attendaient devant la direction de la citoyenneté et de la légalité un peu avant l’ouverture à 9 h. « Messieurs dames, je vous le rappelle, je ne distribuerai que 50 tickets. Seuls les 50 premiers rentreront. Une altercation sur la voie publique et on arrête tout. Je n’en ferai rentrer que 20 s’il le faut ! », menace un agent de la préfecture avant l’ouverture. « On s’est rendu compte qu’on traitait à peu près 50 situations chaque matin. Plutôt que de les faire attendre, on a mis en place ce système de tickets depuis la fin de l’année dernière », explique pour sa part Bruno Berthet, secrétaire général de la préfecture des Pyrénées-Orientales.
Aller plus loin
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En France, de nombreux étrangers demandeurs de titre de séjour, dont les Marocains, subissent la loi des intermédiaires véreux.
Comme en 2023, les Marocains sont en tête des pays ayant bénéficié des titres de séjour en France l’année dernière.
Monique Kaltschmidt-Nadel, une Américaine de 79 ans, vivant en Haute-Savoie (France) avec son mari français depuis plus de 50 ans, se retrouve sans carte de séjour.
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