Les transferts d’argent effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent non seulement de façon significative au PIB du Maroc, mais elles représentent aussi une véritable soupape de sécurité pour les familles.
Elles se battent depuis des années pour le droit à l’égalité des chances entre femme et homme. Leur plaidoyer pour la réforme des lois leur a permis de se démarquer et de participer activement à la reconnaissance de la place de la femme.
Pour les membres de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), le militantisme pour cette cause ne signifie pas seulement une mission à accomplir, mais une conviction qui, au fil du temps, est devenue l’histoire de toute une vie, celle de l’association.
C’est de cette histoire de militantisme dont il a été question, récemment, lors d’une assemblée générale qu’a organisée l’ADFM à Casablanca. Les membres de cette ONG associés à plusieurs de leurs partenaires et supporters se sont réunis dans une ambiance remplie d’enthousiasme pour dresser le bilan de leurs activités.
La grande marche pour la réforme de la Moudawana a été certainement l’une des plus importantes batailles qu’a menée (et que mène, d’ailleurs toujours) cette association. Et pour cause, la législation régissant les relations familiales est assimilée par l’ADFM à une entrave à la reconnaissance de la place de la femme au sein de la famille. L’association, en fervente militante pour le "Plan d’action pour l’intégration de la femme au développement, a appelé à ce que les lois soient plus indulgentes vis-à-vis de la femme, malgré l’opposition acharnée des conservateurs. Dans ce sens, elle a été parmi les associations ayant présenté un mémorandum devant la commission chargée de la réforme s’appuyant sur le témoignage des femmes victimes d’abus que soutenait le Centre d’écoute "Nejma". L’ADFM s’est fait remarquer, dans ce cadre-là, par sa revendication du rejet du principe de "l’obéissance de la femme en contrepartie de son entretien par l’époux" demandant que les deux conjoints partagent les mêmes devoirs et droits.
L’ADFM a poursuivi sa démarche de lutte en s’intégrant au collectif féminin "Printemps de l’égalité" pour qui le 8 mars, le 1er mai et le 10 décembre (journée mondiale des droits de l’Homme) sont des rendez-vous ponctuels pour attirer l’attention de la société civile sur la question de la femme. L’ADFM a pris part, à cet effet, à la conception de campagnes médiatiques et supervisé leur mise en oeuvre.
Au bilan des réformes toujours, l’ADFM a élargi son panel revendicatif pour englober le code pénal, le code du travail, de la nationalité et la loi sur l’état civil. L’association a émis en collaboration avec des experts des propositions de réforme des textes de loi liés à ces quatre nouvelles composantes. Un travail élaboré sous forme d’un projet qui n’a pu être discuté au Parlement (session d’avril 2002) comme prévu.
L’ADFM s’est aussi intéressée au monde de l’éducation. L’école dans l’optique de cette association n’est pas uniquement un espace de transmission de savoir, mais aussi, d’apprentissage de l’autonomie, du développement de l’esprit de tolérance et de citoyenneté. L’association a procédé à des recherches sur les fondements du système éducatif (programmes, manuels, branches, méthodes...) afin "de mieux cerner et de comprendre la réalité de l’égalité dans l’institution".
Il s’avère que pour cette association, la promotion de la culture de l’égalité soit beaucoup plus un but qu’une ambition. Elle dispose à présent d’une équipe de formatrices bénévoles en éducation à l’égalité pour dispenser des formations au profit, entre autres, d’animateurs de colonie, de militants associatifs et de journalistes. Dans cela, l’ADFM aspire à mettre fin aux stéréotypes et remodeler les mentalités qui ôtent à la femme son acte de présence au sein de la société et de la vie publique. De multiples publications reconstituent les différentes étapes qu’a traversées l’association.
Un vaste mouveement donc en faveur de la reconnaissance de la femme qui s’est confronté à des difficultés parfois insurmontables. L’ADFM n’a pas omis d’en parler, à l’occasion, et de mettre en évidence les turbulences qui freinent ses actions. Sur le plan du financement tout d’abord, elle ne cache pas vivre sans cesse dans le marasme, car elle doit assumer de plus en plus de service et s’acquitter de ses charges fiscales et TVA sur tout achat et service. L’association, sans but lucratif, n’est pas reconnue en tant qu’association de développement social.
L’ADFM évoque aussi le problème de la relève, car il faut bien y penser pour que le mouvement puisse se poursuivre. L’association préconise l’ouverture sur des associations-relais à travers plusieurs régions et l’élargissement du champ des idées pour lesquelles elle milite. Elle compte renforcer ses actions par l’intégration des jeunes dans ses programmes.
L’Association démocratique des femmes du Maroc ne ménage aucun effort, fidèle à cet esprit qu’elle a toujours prôné "féministe d’abord et avant tout". Pour elle, le combat ne se termine pas, car à l’approche des élections communales (juin), l’association se mobilise pour défendre la représentativité de la femme sur le plan local et régional.
Leila Hallaoui pour libération ( Casablanca)
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