Un tribunal français interdit l’enseignement de l’arabe dans une école au Maroc

10 février 2023 - 19h10 - Maroc - Ecrit par : S.A

Saisie pour faire annuler l’introduction de deux heures de cours d’arabe supplémentaires, la cour administrative d’appel de Paris a donné raison aux parents d’élèves de l’école maternelle et primaire André Chénier de Rabat.

Tout est parti d’une décision prise en 2019 par le directeur de l’école maternelle et primaire André Chénier de Rabat, établissement d’enseignement français homologué dont la gestion directe est assurée par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Celui-ci avait décidé de rendre obligatoire un enseignement hebdomadaire de 5 heures en langue arabe à compter de cette rentrée 2019, rapporte Medias24. Opposés à cette décision, deux parents d’élèves avaient formé un recours administratif auprès du conseiller culturel adjoint en charge de l’enseignement français, auprès de l’ambassade de France au Maroc, pour demander son annulation au Conseil d’État.

À lire : Catalogne : plus d’arabe et moins d’espagnol à l’école

En janvier 2020, le Conseil d’État transmet le dossier au tribunal administratif de Paris. L’année suivante, ce dernier a annulé la décision de l’école, mais aussi celle du conseiller culturel adjoint auprès de l’ambassade de France. Mécontente, l’AEFE qui assure la gestion de l’école a fait appel du jugement. Se basant sur l’article 10 de la Déclaration d’intention entre la France et le Maroc, signée le 16 novembre 2017, elle a expliqué que la décision d’ajouter deux heures supplémentaires de cours d’arabe hebdomadaires a été prise « par la commission mixte d’évaluation » et consiste en un « co-enseignement d’une matière dispensée en langue arabe, simultanément par un professeur des écoles français et un professeur de langue arabe, conformément au dispositif expérimental dénommé EMILE ». De plus, ce dispositif (enseignement d’une matière intégré à une langue étrangère) « répond à la volonté commune exprimée par la France et le Maroc pour renforcer leur coopération, notamment dans le domaine éducatif ».

À lire :Nouvel accord France-Maroc sur l’enseignement de l’arabe

Pas de quoi convaincre la cour administrative d’appel de Paris. Celle-ci a rejeté la demande de l’AEFE à travers son arrêt rendu public le 25 janvier 2023, donnant ainsi raison aux deux parents d’élèves opposés à la décision de l’école André Chénier de Rabat.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Paris - Droits et Justice - Education

Aller plus loin

Catalogne : plus d’arabe et moins d’espagnol à l’école

Le gouvernement catalan promeut l’enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine dans toutes les écoles de la région tout en reléguant au second plan la langue...

France : un maire interdit les cours d’arabe dans les écoles de sa commune

Eric Le Dissès, maire de Marignane, refuse de mettre à disposition les classes de deux écoles de sa commune pour des cours d’arabe, à la suite d’une demande de parents d’élèves....

L’enseignement de l’arabe divise toujours les Français

L’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises a pendant longtemps été perçu comme l’enseignement du Coran aux élèves. Cette fois, c’est la proposition d’Emmanuel Macron,...

France : enseignement de l’arabe dès l’école élémentaire

La publication d’un décret du 30 avril par Emmanuel Macron, Edouard Philippe et Jean-Yves Le Drian, rend effectif l’enseignement de la langue arabe dès l’école élémentaire en...

Ces articles devraient vous intéresser :

Des conditions strictes pour enseigner dans le privé au Maroc

Le ministère de l’Éducation nationale a récemment autorisé les enseignants du public à donner des cours supplémentaires dans le privé, sous certaines conditions. Pour arrondir leurs fins de mois, ces professeurs devront obtenir une autorisation...

Écoles françaises au Maroc : polémique sur l’homosexualité

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports, s’est exprimé sur l’adoption par des institutions éducatives étrangères au Maroc de programmes promouvant l’homosexualité.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

Un député marocain poursuivi pour débauche

Le député Yassine Radi, membre du parti de l’Union constitutionnelle (UC), son ami homme d’affaires, deux jeunes femmes et un gardien comparaissent devant la Chambre criminelle du tribunal de Rabat.

Maroc : cette violence qui interpelle

La parlementaire Nadia Bouzendoufa, du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale sur sa stratégie visant à réviser la circulaire ministérielle n° 14/867 et à adopter des mesures...