Najat El Hachimi : une voix qui divise en Catalogne
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L’écrivaine d’origine marocaine, Najat El Hachmi, a critiqué sur les réseaux sociaux, sa compatriote, Fatima Hamed, la porte-parole du Mouvement pour la dignité et la citoyenneté (MDyC) à Ceuta, qui a porté un hijab lors d’un événement politique. Sa vive réaction a enflammé la toile.
« Merci, Ada Colau, Mónica García, Mónica Oltra et Yolanda Díaz d’avoir intégré dans vos rangs le symbole de notre oppression. C’est la preuve que les femmes espagnoles ne sont pas des femmes et notre liberté peut attendre. C’est aussi la preuve que notre féminisme est relégué au second rang et que nous pouvons continuer à être enfermées dans les prisons de l’islam et de l’islamisme ». Ainsi déclarait le 15 novembre, Najat El Hachmi sur son compte Instagram, réagissant au port du hijab par Fatima Hamed, lors d’un événement politique. « Mettre le hijab dans un événement comme celui-ci, c’est légitimer son usage ainsi que toutes les règles imposées aux femmes musulmanes en matière d’habillement », affirme-t-elle.
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La publication a suscité une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux. Certains internautes ont revendiqué la liberté donnée à chaque femme musulmane de porter le voile. « Mais ce qu’ils défendent, c’est la liberté qu’on a de se soumettre, de s’asservir. Il n’existe pas de liberté dans laquelle les femmes musulmanes choisissent de porter le voile. Dire qu’il n’y a pas d’oppression contre nous, c’est se mettre du côté de ceux qui nous discriminent. Oui, le voile est discriminant. Il ne s’agit pas de pointer du doigt ou de persécuter les femmes qui portent le voile, mais de remettre en cause leur introduction dans les instances de représentation », dénonce El Hachmi.
« Combien de filles sont obligées de se maquiller et de porter des talons, combien de filles se font dire que si elles ne portent pas de talons elles ne les aimeront pas parce que ce ne sont pas de bonnes femmes ? C’est un argument démagogique, qui confond une pression esthétique avec une prison dont le symbole principal est ce foulard », s’est indignée l’écrivaine qui déplore que sa réaction n’ait pas été comprise par la classe politique. « Cela me fait très mal que nous soyons si seuls dans cette lutte. Beaucoup d’entre nous ont dû surmonter des situations très douloureuses, et nous espérions trouver un soutien dans des politiques supposées en faveur de l’égalité », regrette-t-elle.
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El Hachmi fait également observer que le port du hijab, loin de diminuer, est en augmentation. « Quand j’étais enfant, dans ma ville, les femmes mariées portaient un foulard qui laissait entrevoir une partie des cheveux, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Mes grands-mères n’en portaient même pas : elles portaient juste une écharpe », confie l’écrivaine qui avoue avoir aussi porté le voile à 12 ans quand elle était entrée en contact avec une famille fondamentaliste. « Mettre le hijab est très facile ; l’enlever, très difficile », assure-t-elle.
La montée de l’intégrisme en Europe est l’une des préoccupations de l’écrivain. « Je pense qu’on ne peut pas continuer à faire comme s’il n’existait pas : il est là, et il a une influence très importante chez les plus jeunes… Il est beaucoup plus difficile pour une femme avec un hijab de progresser dans la société européenne », soutient El Hachmi. Et d’ajouter : « Beaucoup de filles me disent que mes livres les aident, qu’elles sentent que quelqu’un raconte leur histoire. […] J’envisage parfois de me limiter à l’écriture, car en littérature, je me sens libre. Je ressens le besoin de donner un coup de main à ceux qui vivent encore cette situation. Je ne peux pas faire grand-chose pour eux à part écrire ».
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