Najat El Hachmi se souvient de son premier voyage en train, de Barcelone à Vic, alors qu’elle n’avait que 8 ans. Ce voyage était un nouveau départ pour elle qui n’était jamais sortie de la petite ville où elle a grandi à Beni Sidel au Maroc. « C’était comme si je sortais de l’anonymat et je découvrais la liberté de faire tout ce que je voulais sans contrôle », confie-t-elle à La Vanguardia.
Mais la vie en Espagne est loin de ce qu’elle avait imaginé. Très tôt, elle fait face à la dure réalité d’étrangère. Elle ne se rappelle plus le nombre de fois qu’on lui a dit « Maure de merde, retourne dans ton pays ». Aujourd’hui, Najat a su surmonter ces discours de haine. « J’appartiens à ceux que j’aime et qui m’aiment », a-t-elle déclaré.
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Outre le racisme, Najat El Hachmi mène aussi un combat contre le port du voile par les musulmanes. « Nous devons avoir le droit d’être ce que nous sommes, avec toute notre diversité et nos formes. Nous devons cesser d’être des objets sexuels et profiter de la vie », soutient l’écrivaine qui dénonce la culture machiste et milite pour l’épanouissement des femmes.
Selon elle, le port du voile remettait en cause sa propre identité. « Je me suis sentie humiliée dans cette situation de soumission des femmes qui doivent s’habiller d’une certaine manière parce qu’elles sont des femmes », a déploré Najat qui avoue avoir toujours rêvé de devenir un écrivain. « Écrire a été pour moi une façon de me libérer, de comprendre et d’appréhender les choses… », a expliqué la lauréate du prix Nadal 2021. Et d’ajouter : « Mes lecteurs m’ont aidé à panser les plaies du racisme… Cela a été très thérapeutique ».